mardi 6 novembre 2012

APPEL A RESISTANCE !

Bonjour, Chaque jour qui passe voit réduire nos libertés sans que le monde ne s'en émeuve outre mesure, nos médias nous abreuvent de mensonges et de contre vérités tous plus flagrants et choquants, les peuples sont de plus en plus asservis et la crise qui ne fait que commencer pour l'europe augure des temps plus que difficiles ! Je voudrais attirer votre attention sur cet état de fait, si ce n'est déjà le cas et demander à chacun d'entrer en résistance, en appeler à votre conscience collective avant qu'il ne soit trop tard et qu'un état mondial bien fasciste ne soit mis en place et nos libertés supprimées totalement… Cela fait une dizaine d'années que j'ai délaissé les médias traditionnels et propagandistes aux ordres de la finance internationale responsable de tous nos maux, pour me tourner vers les médias dits alternatifs où je peux encore avoir une information digne de ce nom ! Pour illustrer mon propos cette déclaration du directeur du new york times : « La presse libre déclare John Swaiton, éditeur du New York Times, lors de son discours d'adieu. n'existe pas. Aucun de vous n'oserait donner son avis personnel ouvertement. Nous sommes les pantins qui sautent et qui dansent quand ils tirent sur les fils. Notre savoir faire, nos capacités et notre vie même leur appartiennent. Nous sommes les laquais des puissances financières derrière nous. Nous ne sommes rien d'autre que des intellectuels prostitués. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses ». Il se trouve une petite élite auto-proclamée qui semble avoir décidé d'en finir avec le genre humain, il suffit de voir les produits toxiques que l'industrie agro-alimentaire et le complexe pharmaceutique nous font ingurgiter chaque jour, ces ignobles eugénistes ne reculent devant aucun coups tordus ! Nous sommes entrés de plain pied dans un monde Orwellien où le mensonge d'état est érigé en vérité absolue, nous sommes tous fliqués, suivis à la trace, on nous prépare petit à petit psychologiquement à nous implanter une puce Rfid pour notre bien être, nos médias manipulateurs nous distillent des programmes de plus en plus abêtissants, déshumanisants, avec le recours à toujours plus de technologie, dernière en date les hologrammes avec qui sait, à terme un nouveau messie d'obédience bien satanique ! Quel avenir sombre pour nos enfants et petits enfants … Pour toutes ces raisons un sursaut serait de mise, une prise de conscience collective, avec comme maitre mot l'Entraide plutôt que toujours plus de déshumanisation ! Ce n'est pas de gaité de coeur que je vous adresse ce courriel, mais je pense que plus il y aura de monde éclairé, plus l'ignoble plan de ces immondes crapules aura de chance d'échouer ! Bien à vous, Patrice PS: Je me permets de vous joindre les adresses de sites que je fréquente régulièrement ! Infos générales http://www.legrandsoir.info/ http://www.mondialisation.ca/?context=home http://www.mecanopolis.org/ http://resistance71.wordpress.com/ http://www.voltairenet.org/fr Infos économiques http://www.jovanovic.com/blog.htm http://liesidotorg.wordpress.com/ Infos sciences http://www.jp-petit.org/ Tous les curseurs sont maintenant au rouge et les agences mondialistes prévoient les pires scénarios. Après la pause estivale, il est à craindre que la crise économique ne connaisse une nouvelle phase. Mais l’impasse dans laquelle nous nous trouvons ne serait-elle pas le moyen de reconfigurer notre monde, et l’Occident en premier lieu ? Vers 2020, il n’y aura plus de distinction entre « pays développés » et « pays en voie de développement » Le dernier rapport de la Fondation Rockefeller, publié il y a deux mois, n’y va pas par quatre chemins, et prévoit des « années de malheur ». Le document, intitulé « Scénarios pour l’avenir de la technologie et le développement global », prédit un cataclysme économique qui entraînera des guerres civiles puis un effondrement des civilisations. Des événements dévastateurs comme le 11 septembre, le tsunami en Asie du Sud en 2004, ou le tremblement de terre en Haïti en 2010, ont préparé les mentalités à des catastrophes inattendues,mais certainement pas à une succession sans relâche de catastrophes encore plus considérables. Quoique les catastrophes dont nous avons connaissance actuellement, tels les incendies en Russie ou les inondations au Bouthan et au Pakistan en paraissent un avant-goût. L’étude décrit également les nations perdant le contrôle de leurs finances publiques et une incapacité à gérer l’ordre et la stabilité provoquant toujours plus de violence, de criminalité et de troubles au sein de la société. Vers 2020, il n’y aura plus de distinction entre « pays développés » et « pays en voie de développement ». Les gouvernements ne pourront plus surveiller, identifier ou restreindre ces activités illégales, indique le rapport, d’où la nécessité de mettre en œuvre un système de sécurité hautement sophistiqué afin de contrôler les intégrants du réseau ainsi que leurs activités à l’extérieur dudit réseau (Internet). « La différence entre les nantis et les plus défavorisés sera de plus en plus grande. Les plus riches auront encore les moyens financiers de se protéger. Les quartiers privés et sécurisés fleuriront partout dans le monde. Ce seront des sortes d’îlots entourés de bidonvilles. (…) Il sera de rigueur non pas de construire une maison, mais bien une forteresse avec de hauts murs et protégée par du personnel armé provenant d’entreprises de sécurité privées » précise encore la Fondation Rockefeller. Les technologies de vérification de l’identité deviendront une routine de la vie quotidienne. Une base de données d’enregistrements de rétines, volée par des pirates en 2017, sera utilisée pour créer de nombreuses fausses identités dans le milieu des années 2020. En ligne de mire, « la société 20/80 » Tandis que la technologie Internet est diabolisée dans ce scénario d’anticipation, l’étude de la Fondation mondialiste prévoit également une explosion sur le marché noir de récoltes d’aliments produits à partir d’OGM, appelés ici et pour l’occasion « progressistes », par les masses populaires décimées et appauvries. Mais le rapport de la Fondation Rockefeller préconise également des solutions pour contenir les populations plongées dans la pauvreté : le « fearmongering » (propagande de la peur), qui peut être utilisé à propos du changement climatique, des catastrophes naturelles ainsi et des attaques terroristes à grande échelle comme « outil de contrôle des populations ». « Choc des civilisations », « axe du mal », « islamo-fascisme », « sécurité intérieure »… Ces slogans et scénarios catastrophes ne sont pas nouveaux, et ils ne visent qu’à obtenir un consentement général afin de remodeler l’économie mondiale dans le but de la rendre plus efficace et sous le contrôle d’une oligarchie financière totalitaire. En 1995 eut lieu le premier State Of The World Forum,à l’Hôtel Fairmont, dans la ville de San Francisco. L’objectif de la rencontre était d’analyser l’état du monde, de fixer des objectifs souhaitables et les moyens de les atteindre, et de définir la politique globale utile à leur mise en œuvre. Les dirigeants réunis à San Francisco (Mikhaïl Gorbatchev, George H.W. Bush, Margaret Thatcher, Zbigniew Brzezinski, Vaclav Havel, Bill Gates,Ted Turner, etc.) sont parvenus à la conclusion que l’arrivée de la dénommée « société 20/80 » était inéluctable, à savoir celle dans laquelle le travail de 20 % de la population mondiale sera suffisant pour soutenir la totalité de l’appareil économique de la planète. La population restante (80 %, donc) s’avèrera superflue, et, ne disposant pas de travail ni d’aucune forme d’occupation, nourrira une frustration croissante. Tittytainment C’est ici qu’entre en jeu le « tittytainment », concept de Zbigniew Brzezinski, présenté lors de la réunion à l’Hôtel Fairmont. Brzezinski a proposé le tittytainment, un mélange d’aliment physique et psychologique, pour endormir les masses et contrôler leurs frustrations et protestations prévisibles. Brzezinski définit le « tittytainment », comme une combinaison des mots anglais : tits (« nichons » en jargon américain) et entertainment qui, en aucun cas, ne doit être compris avec des connotations sexuelles,mais au contraire comme allusif à l’effet soporifique et léthargique que l’allaitement maternel produit chez le bébé quand il tète. Puisque nos « élites » projettent de longue date d’établir cette loi de Pareto en véritable modèle de société,nous pouvons penser en toute logique qu’ils ne se gêneront pas pour utiliser des moyens peu scrupuleux afin de mettre en œuvre une méthode qui multipliera leurs profits et leur pouvoir. Entre autres,la détérioration des conditions de vie globales des citoyens peut y contribuer. En effet, les États ont privatisé tant de secteurs rentables et nationalisé tellement de secteurs coûteux, que les budgets de la Sécurité sociale, de l’enseignement et de ce que l’État possède encore dans le domaine de la médecine ne cessent de diminuer, tout simplement parce que l’État n’est plus capable de tenir le rythme des financements. Il n’est pas nouveau que la médecine soit majoritairement une affaire privée et qui doit donc prioritairement se montrer rentable, mais l’enseignement est lui aussi en début de privatisation, et qui sait ce qui sera enseigné dans les écoles lorsque ce processus aura abouti… Clovis CASADUE, pour la revue FLASH

AINSI PARLAIT MORRABORA !

Je suis joueur d'échecs adepte du gambit Morra, au jeu d'échecs le gambit consiste à sacrifier un pion en début de partie pour un gain de développement et il était d'usage que les champions laissent leurs noms à la postérité  aux débuts de parties qu'ils inventaient.   Nous étions à l'époque en plein conflit afghan à la suite des attentats du 11 septembre 2001, les médias propagandistes nous matraquaient avec les grottes de Torabora, lieux  high-tech où était sensé avoir trouvé refuge le méchant Ben Laden ...   L'aubaine de l'acronyme étant trop bonne, Ainsi  naquit Morrabora !     On peut dire que  la vie de  Morrabora n'était pas banale, loin s'en faut et le terme extra hors de l'ordinaire serait plus adéquat !   Imaginez plutôt, à 25 ans on lui diagnostiqua une absolument volumineuse malformation artérioveineuse au cerveau, 5 années avec une épée de Damoclès au dessus de la tête et puis l'hémorragie cérébrale tant redoutée qui après une période de coma et une opération le laissa totalement paralysé et aphasique !   S'ensuivit un combat acharné pour influer sur le destin qui jusqu'alors ne l'avait pas épargné, d'immenses travaux de reconstruction, un chantier colossal et de longue haleine pour que Morrabora revienne parmi les vivants ...   Une Odyssée de 16 années qui aura transformé totalement sa perception de l'existence !   Morrabora a trouvé dans la pratique du jeu d'échecs une sérénité, un bien être tels que l'on peut affirmer  que ce jeu aura été source de renaissance pour lui …          Ainsi parlait Morrabora !   Un jour Morrabora décida de faire la lumière sur les motifs qu'invoquent les hommes pour semer la division et le chaos, pour s'approprier les richesses matérielles et humaines à bon compte et à viles excuses, pour exploiter la crédulité des êtres et les asservir. Il avait mis à profit sa longue période de convalescence pour étudier les hommes, leur philosophie, leur histoire, leurs religions, le sens de la vie plus généralement...   Morrabora après des années de réflexions intenses et prolongées  avait préféré se faire sa  propre vision de l'existence. Il avait voulu comprendre le drôle de monde qui l'entourait non pas en allant chercher des maitres donnant du prêt à penser, mais en étudiant dans son coin à sa guise comme il le faisait  pour la pratique du jeu d'échecs, car Morrabora voulait être avant toute chose libre. Ainsi pensa Morrabora, car il avait compris un peu tard que ce qu'on lui avait inculqué jusqu'alors n'était pas exact quand ce n'était pas total mensonge ! Morrabora n'avait pas de Dieu, ni de Déesse, mais il révérait en un syncrétisme philosophico-agnostique Rois, Reines,Tours, Cavaliers, Fous et  Pions …   Il se livrait à de rudes combats sur l échiquier et ce jeu de l'esprit, cette pratique assidue avaient affuté, aiguisé sa perception de l'existence, son esprit critique à la façon d'un sens supplémentaire.   Sens  caché à ceux qui veulent se contenter de vivre servilement notre réalité de plus en plus inique et inhumaine.  Ainsi croyait Morrabora !   Morrabora avait atteint la sagesse sans l'illumination, sagesse qui ferait rougir philosophes à col  roulé et prophètes de tous poils de torse !   Alors en ces temps de tous les dangers, il voudrait vous délivrer sa parole, un peu à la manière d'un messie sans lanterne !   Ainsi réfléchissait Morrabora, toujours avec beaucoup d'humour et d'auto-dérision ...     L'homme a toujours été un prédateur pour l'homme, il se trouve une élite, une poignée de richissimes décideurs illuminés qui sont en train de nous manipuler sans scrupules, tout est permis pour eux. Et cette petite caste d'élus auto-proclamés instituent depuis plusieurs années le mensonge en vérité absolue, la corruption en principe de gouvernance.  Car notre liberté est menacée, notre liberté de penser est chaque jour plus précaire et je n'ose imaginer si ceux qui nous dirigent et nous maintiennent dans l'ignorance en venaient à prendre le  contrôle de nos consciences ...     Morrabora aime à manier l'oxymore et l'aporie, tout comme notre monde et notre système sont paradoxaux ... Comment se peut-il que nos  états réunis dans un but désintéressé volent tant au secours des peuples quand dans un même temps ils sont la cause bien souvent de leurs maux.    Morrabora dans sa toute sagesse et logique prophylactique échiquéenne trouverait évident de prévenir plutôt que de guérir ou que de maintenir dans un état de dépendance !   Ainsi s'interrogeait Morrabora ?     Le Jeu d'échecs n'est autre que la  représentation de la vie à échelle réduite et les hommes s'ils jouaient un peu plus aux échecs feraient certainement moins la guerre !   Morrabora aimait le beau jeu, le panache, c'était un combattant dans l'âme qui ne regardait pas au sacrifice et ses parties étaient souvent spectaculaires.   Morrabora en adepte des méthodes expéditives sur l'échiquier ne fait pas de quartier et tranche dans le vif du sujet, force est de constater qu'il y a deux écoles, car il s'étonne des conflits qui s'enlisent et  s'éternisent, qui sèment malheur et désolation pour le bien de l'humanité !   Liberté de penser, de jouer aux échecs tel était le désir de Morrabora … Il n'est que de regarder les carnages qui ont ensanglanté l'histoire du fait de piètres stratèges et tacticiens, ces maginots guignolos qui divisent pour mieux régner.  Rien de tel que de bonnes guerres pour relancer les économies. De là à se demander si l' exportation soudaine de la démocratie par l'empire aux peuples  opprimés dont le sous sol regorge de pétrole est vraiment désintéressée, il n’y a que l’amble d’un Chameau de Troie… Pour toutes ces raisons, pour toutes ces certitudes ébranlées, Morrabora appelle de ses voeux à la circonspection plutôt qu'au panurgisme généralisé ...   Ainsi raison garda Morrabora !   Essayer de faire de sa vie la plus belle partie d'échecs, ainsi était le désir de Morrabora !   La plus belle partie d'échecs sans dieu, ni maitre ...   C'est aussi ce qu'il souhaite pour chacune et chacun d'entre vous … Ainsi parla Morrabora                                       Patrice Sanchez   Ps : Je voudrais avant tout remercier chaudement  celles et ceux qui passent du temps sans compter pour  informer sur internet, ce beau moyen de communication qui je l'espère ne sera pas censuré par le nouvel ordre mondial !                                          

lundi 2 mai 2011

On nous fait prendre des messies pour des lanternes !

La presse libre déclare John Waiton, éditeur du New York Times, lors de son discours d'adieu. n'existe pas. Aucun de vous n'oserait donner son avis personnel ouvertement. Nous sommes les pantins qui sautent et qui dansent quand ils tirent sur les fils. Notre savoir faire, nos capacités et notre vie même leur appartiennent. Nous sommes les laquais des puissances financières derrière nous. Nous ne sommes rien d'autre que des intellectuels prostitués. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses ».

dimanche 31 octobre 2010

Bonjour,

Je voudrais vous parler de l'hémiplégie,
cette chienlit qui m'a pris un beau jour pour ne plus me quitter...
Ce corps qui du jour au lendemain s'est retrouvé coupé en deux avec un coté yin et son pendant le coté yang !

J'aime autant vous dire qu'il faut sacrément s'accrocher aux branches pour ne pas baisser le bras !

Mais passé le choc, la prise de conscience progressive, je n'ai eu d'autre choix que de me battre …

C'est cette bataille que je vous narre par le menu,
une Odyssée à coté de laquelle celle d'Ulysse ferait bien pâle visage.

Bonne lecture,

Patrice Sanchez

Je me propose de vous envoyer mon texte par courriel cela vous sera plus agréable à lire !
patrice.sanchez@neuf.fr


Mon Odyssée :
À l’issue de mon plein gré !

Ou les pérégrinations de Patrice qui, après avoir
touché le fond, a enfin trouvé la sérénité, le
bonheur de vivre.
1
suivi de :
La magie du jeu d’échecs
qui aura été source de renaissance pour moi !
2
Je roulais à vélo depuis quelques minutes.
Il était aux alentours de minuit en ce 14 février 1995 et j’étais à 50 mètres de mon
domicile quand je fus pris d’une sensation étrange, un présage horrifiant !
J’eus à peine le temps de m’adresser à une passante qui promenait son chien sur le
trottoir et de lui dire, pour attirer son attention, qu’un véhicule m’avait heurté !
Je sentis un flot bouillonnant envahir ma tête et je m’écroulai …
3
Vous y croyez à la destinée ?
Que l’Odyssée d’Ulysse c’en serait de la roupille de sansonnet à coté de ce qu’allait être la mienne !
Mais un retour en arrière de 15 ans s’impose …
Imaginez-vous des tremblements dans le bras ?
Des secousses, d’abord de faible intensité, puis, au bout de quelques secondes, une
onde qui vous submerge, cette sensation étrange de ne plus être maître de votre
propre corps ; une douleur insupportable aux extrémités, je sentais mes doigts se
retourner, comme broyés, et je respirais de plus en plus difficilement.
Sur le coup je crus que ma dernière heure était arrivée …
Tout cela en un court laps de temps, une minute tout au plus, puis soudain plus
rien ; vous vous retrouvez pantelant, hagard et vidé !
J'eus ma première grosse crise d’épilepsie au domicile familial, durant les vacances
d’été un jour de forte fièvre.
Le médecin de famille arriva rapidement et me fit une piqûre de valium ;
d’après la description des symptômes fournie par mes parents il diagnostiqua une
crise de spasmophilie.
4
Les signes précurseurs avaient débuté trois mois plus tôt, vers la fin de l’année
scolaire, j’étais en troisième ; nous jouions au foot dans la cour de récréation.
Mon bras droit s’était mis à trembler imperceptiblement mais suffisamment pour
attirer mon attention.
Jusqu’alors, j’étais un adolescent ordinaire ; j’avais deux soeurs, Laurence ma
cadette d’un an et Carine qui avait trois ans de moins que moi, nous formions une
petite famille unie et avions des parents qui s’aimaient.
Deux mois passèrent lorsqu'au sortir d’une salle de jeu, alors que je roulais à
cyclomoteur sur le bord de la route, je sentis les prémices d’un malaise.
Je m’arrêtai totalement tout en restant en selle, les sens aux aguets, attendant la
suite des évènements.
Bien vite les symptômes ressentis lors de ma précédente crise de spasmophilie
réapparurent.
D’abord des tremblements de faible intensité au niveau du bras droit, puis avec la
violence des secousses cette sensation d’étouffement qui me fit rapidement perdre
l’équilibre et toucher terre.
Je sentis quelqu’un s’affairer auprès de moi ; par chance c’était un médecin ; il fut formel quant au diagnostic : crise d’épilepsie.
On m’orienta peu de temps après vers un neurologue qui me fit passer un électroencéphalogramme et un scanner.
C’est ainsi qu’à l’âge de 14 ans ma relation avec l’épilepsie de type
Bravais-Jackson du nom de son découvreur débuta.
J’aime autant vous dire que ce fut un choc, avec toutes les images que ce mot
barbare pouvait véhiculer.
Je me vis bientôt prescrire un traitement ; il ne me quittera plus !
Traitement assez contraignant du fait des prises régulières et surtout de la
somnolence engendrée.
Mais j’étais jeune, plein de vie et il m’en fallait plus pour me laisser abattre.
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Je menais donc une existence normale faisant contre mauvaise fortune bon coeur et
m’accommodai de mon traitement.
Je jouais régulièrement au tennis à l’époque et plus d’une fois, dès les premiers
tremblements, j’usai de subterfuges pour m’isoler prétextant, par exemple, un
besoin urgent !
Mais un jour je fus terrassé en plein court par une crise beaucoup plus violente que
les autres et me retrouvai avec “ mon bras fou ”livré en pâture à la vue de tous !
J’en suis ressorti mortifié et depuis ce jour je n’ai plus pratiqué de sport intensif.
Les crises se déclenchaient bien souvent avec le phénomène d’hyperpnée : pour
simplifier, quand je fournissais des efforts violents.
Bien sûr ce n’était pas une règle mais ce spectre me hantait et je jugeai plus sage de ne pas tenter le diable et de ne plus me livrer à fond à l’effort physique.
Cependant, en de nombreuses occasions, je n’eus d’autre alternative que de
pratiquer les exercices qui m’étaient imposés, notamment lors des cours
d’éducation physique.
Il était hors de question que j’avoue de quoi j’étais atteint, j’en aurais fait une
maladie !
Dites, il y a encore quelques siècles vous auriez fini rôti comme un poulet sur le
bûcher par les tribunaux de l’inquisition, cette affection étant, à l’époque, attribuée à un phénomène de possession démoniaque.
J’ai très tôt été attiré par la gent féminine et en classe déjà je m’arrangeais pour
m’entourer de filles.
Mais j’étais timide et je n’osais faire le premier pas pour de plus amples
rapprochements …
Je redoublai ma troisième, mes résultats scolaires étant limites et surtout la
professeur principale ne me portant pas particulièrement dans son coeur.
Si je vous disais que je ne mettais pas mes lunettes par coquetterie … et comme ma
myopie s’accentuait avec l’âge, je copiais les cours sur mon voisin, ce qui était loin d’être évident surtout en maths et en physique… à défaut de pouvoir lire le
tableau !
La fréquence des crises n’étant pas excessive grâce au traitement, je menais une
adolescence tout ce qu’il y avait de plus normale avec mes premières boums et mes
premiers émois !
Ironie du sort, je me suis retrouvé en seconde avec ma soeur Laurence : ce ne fut
pas simple à vivre car une certaine rivalité s’instaurait entre nous.
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Je lui ai même chipé sa meilleure amie !
Mes résultats scolaires ne s’arrangeant pas, on m’orienta vers une section G
(commerce comptabilité ) tandis que Laurence elle, obtenait une filière plus noble,
en l’occurrence la première B (économie générale )…
Durant les trois années qui me menèrent au Bac, je m’accommodai plutôt bien de
“ la Chose ” que je ne considérais pas comme une maladie mais comme une rivale
insidieuse toujours prête à se manifester dans les lieux les plus insolites, ce qui
générait parfois des situations incongrues !
D’ailleurs je m’arrangeais toujours, dans un lieu public, pour être près d’une sortie ou bien je repérais un endroit où m’isoler à l’abri des regards indiscrets.
Dans mon malheur, j’avais la chance de sentir venir les clonies et je n’ose penser
aux malheureux foudroyés et livrés en pâture à l’incompréhension et au
voyeurisme.
Ce mal nous hante l’esprit, et il faudrait encore se soucier des qu’en dira-t’ on !
C’est un comble non, et je dois dire que je ne m’y serais jamais fait si mon
caractère insouciant, bien souvent de façade, ne m’avait permis de surmonter cette
sensation d’incompréhension et ces préjugés …
J’ai continué à pratiquer le sport tout en sachant que j’augmentais mes chances de
crise, raison pour laquelle je ne me livrais jamais vraiment à fond, d’où une
certaine frustration.
J’étais sevré de compétition, moi qui quelques années auparavant faisais de la
natation à haut niveau ; j’aurai toujours eu ce regret, la nostalgie de cette ambiance à nulle autre pareille faite de rivalité saine et d’émulation.
Mais comme je le disais précédemment, je n’allais pas me laisser abattre pour si
peu, d’autant que la vie était belle, plus particulièrement le beau sexe !
Mes premières expériences amoureuses se révélèrent magiques et je reportais toute
ma fougue en la quête d’aventures, de plaisirs amoureux …
Vînt la période des examens avec le passage du baccalauréat, précieux sésame sans
lequel l’accès aux études supérieures est interdit.
Comme de bien entendu je n’étais pas prêt et je me ramassai pitoyablement tandis
que ma soeur obtenait son diplôme.
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Je n’ose dire la honte d’être relégué de la sorte ; j’adoptais un profil bas, le comble pour mon amour propre !
Après mûre réflexion, je décidai de ne pas redoubler et de repasser mon Bac en
candidat libre, d’autant qu’une amie se trouvait dans la même situation !
Nous décidâmes de réviser ensemble.
Corinne était une charmante brune et cela faisait deux ans que nous étions dans la
même classe ; depuis quelques temps nous nous étions découverts de nombreux
points communs …
C’était une jeune femme timide et exubérante, ce qui ajoutait à son charme !
A la maison, l’ambiance devînt vite tendue ; en effet les vacances touchaient à leur
fin et mon job d’été aussi ; il était hors de question pour mes parents que je passe
mon temps à ne rien faire car, faut-il le rappeler, notre société nageait déjà en plein marasme !
Je me suis donc rabattu sur le premier TUC venu, travail d’utilité collective, qui
consistait, en la circonstance, à retaper une ferme au dessus de Grasse !
Nous étions un groupe de jeunes dont un bon tiers de cas sociaux, expérience fort
enrichissante qui m’aura permis une approche de la véritable nature humaine que
j’entrevoyais déjà comme méchante et cruelle.
Nous avions notre tête de turc à qui nous avions concocté un pétard à base d’herbes
de Provence et de crottin de cheval séché !
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J’étais absent quatre jours par semaine et dès janvier je m’arrangeai pour réviser
mon bac avec Corinne.
Elle recevait les cours par correspondance et j’arrivais comme une fleur… bien
souvent nous faisions tout autre chose mais cela avait le mérite de nous donner
bonne conscience.
A la même époque j’avais reçu ma convocation pour les trois jours à Tarascon ;
j’étais bien décidé à y aller sans certificat médical car il n’était pas question que je dise le nom de la Chose qui me taraudait.
Je me retrouvai à la fameuse visite médicale, sacrifiant aux incontournables tests
psychotechniques : je fus exempté pour scoliose !
Je n’ose imaginer la hantise quotidienne si j’avais été déclaré apte.
C’était une bonne chose de réglée et un an de gagné surtout !
La fin de l’année scolaire approchait à grands pas et je n’avais pas été assidu dans
les révisions.
J’apprenais à vivre avec Elle, je commençais à connaître ses caprices, j’étais à
l’écoute du moindre de Ses signes ; aussi prenais-je soin de ne pas trop me couvrir
car Elle n’aimait apparemment pas et me le faisait sentir par une ankylose au bras
droit.
Mais il n’y avait guère plus de deux secousses par mois, dans le pire des cas.
Je me présentai à l’examen en touriste… si je vous dis qu’avant la première
épreuve de philo j’avais été me baigner à la plage !
Finalement, j’obtenai le rattrapage avec un nombre relativement faible de points de
retard.
Quand je lus mon nom à l’affichage des résultats, je fus submergé de joie, joie bien
vite tempérée à la vue du visage défait de Corinne.
Ce fut le premier grand sentiment d’injustice que je ressentis ; après tout c’était un peu grâce à elle si j’avais réussi l’examen, la victoire laisse un goût amer parfois !
9
Je n’avais pas pris la précaution de présenter un dossier d’inscription en IUT, l’une des rares voies susceptibles de retenir mon attention, je me rabattis donc sur une inscription à la faculté avec option Administratif Economique Social !
Nathalie,
Vous y croyez au coup de foudre ?
Je fis la connaissance de Nathalie qui tenait un stand de Biorythme à Cap 3000,
grand centre commercial à Saint Laurent du Var.
J’y avais trouvé un job d’été aux nouvelles galeries !
Elle tenait la boutique avec une copine et l’on ne voyait qu’elle avec sa longue
chevelure blonde.
Je tombai raide sous le charme et quelques temps après nous nous installions dans
un studio à Nice.
C’était la première fois que je volais ainsi de mes propres ailes, nous étions fous
amoureux et je pense que si l’on nous avait donné une tente nous n’aurions pas vu
la différence tant nous étions sur un nuage.
Elle avait passé le concours d’entrée de la police nationale et devait faire ses
classes six mois plus tard à Istres.
De mon coté je fus de moins en moins assidu aux cours ; il faut dire que le
changement était radical par rapport au lycée où l’on était encadré ; je perdis vite
mes repères et me retrouvai au fond de l’amphi entouré d’éléments perturbateurs.
Nathalie faisait depuis quelques mois son école de police et je ressentais
cruellement Son absence.
Elle revenait en général tous les quinze jours et bien entendu nous avions quitté le
studio.
J’avais dû réintégrer le domicile familial avec tout ce que cela pouvait avoir de
contraignant et de frustrant quand on a connu l’émancipation et la liberté !
Et puis j’avais décidé de mettre un terme à mes études qui décidément me
poursuivaient plus que je ne les poursuivais !
10
A la conquête de la capitale
A Paris, à vélo, on y dépasse les métros !
Nathalie ayant terminé son école, elle fut mutée à Paris, à l’aéroport d’Orly, à la
police de l’air et des frontières.
C’est tout naturellement que je pris la décision de la rejoindre ; et puis ne dit-on pas que les voyages forment la jeunesse, d’autant que la capitale m’offrirait
certainement un peu plus de débouchés que cette satanée Côte d’Azur !
C’est ainsi qu’au volant de ma LN citroên, je fis le voyage d’une traite pour m’en
aller rejoindre ma Dulcinée et commencer une nouvelle vie dans cette ville
inconnue.
C’est beau la jeunesse, l’insouciance, on s’imagine que rien ne peut nous arrêter et
surtout on a des rêves plein la tête.
Et puis c’est si bon d’aimer que l’on pourrait aller au bout du monde, soulever des
montagnes pour l’être chéri.
Nous trouvâmes rapidement un studio à Vitry sur Seine distante d’une dizaine de
kilomètres de Paris.
J’étais fasciné par cette Ville si différente, d’abord par son immensité, ses
dessertes si variées, et par sa population toujours pressée !
Passés les premiers mois où nous fîmes plus ample connaissance avec la capitale
et ses environs, il me fallut me mettre en quête d’un travail.
J’étais tout de même rassuré ; Nathalie ayant la garantie de l’emploi, nous avions
ce souci en moins.
Je passai rapidement deux concours, l’un dans le secteur bancaire pour le compte
du crédit du nord et l’autre dans la police en qualité d’enquêteur ; je fus reçu aux
deux mais j’optai pour le monde de la banque !
Durant un an j’appris les rudiments du métier dans différentes agences Parisiennes
tout en prenant des cours en interne.
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J’étais au guichet et je dois dire qu’au début ce ne fut pas aisé pour moi de me
retrouver avec la responsabilité de sommes d’argent importantes, sans parler des
inévitables erreurs de caisse.
A cette occasion je pus parfaire mon étude de la nature humaine étant en contact
avec une clientèle très variée.
Aussi sautai-je sur l’opportunité d’un poste vacant à l’agence des halles pour la
tenue d’un bureau de change .
Je trouvais insupportable de devoir faire le larbin pour une clientèle exécrable qui
vous considère souvent comme moins que rien.
L’agence se trouvait dans un quartier très vivant avec les commerçants du Sentier
à deux pas.
Qu’est-ce que j’étais tranquille, mais tranquille … c’était tellement plus agréable de n’avoir à traiter qu’avec des étranger jamais stressés !
Le travail était très diversifié avec les nombreuses devises.
Je dus faire un effort de rigueur énorme, car en plus des devises et de la caisse en
francs, je devais assurer toute la gestion des stocks de travellers chèques, moi qui
étais plutôt du genre “ bordélique ” !
Car c’est une règle, on ne peut quitter son travail qu’avec une caisse exacte et je ne comptais plus les heures supplémentaires et les poussées d’adrénaline, certaines
fois pour des sommes rondelettes, toujours retrouvées fort heureusement !
Une fois de plus je ne m’habituais pas à l’ambiance, faite de coups bas et de faux
semblants.
Qui plus est j’avais un chef de secteur que je ne pouvais souffrir !
Un jour, un client étranger vint changer 3 euros-chèques d’une valeur de 1200
francs chacun, ce qui est le maximum autorisé ; le change se faisait à l’aide d’un
tiroir coulissant donnant sur la rue et j’étais séparé des clients par une vitre
blindée !
Malgré son apparence bon chic bon "gendre" et après vérification auprès des
centres cartes bleues, il s’avéra que l’homme était un escroc.
La personne des centraux cartes bleues que j'avais contactée me dit de prévenir la
police, j’allai donc en référer à ce fameux supérieur qui ne trouva rien d’autre à me dire que de rendre à l’homme ses papiers et de refuser le change en prétextant que nous étions un établissement bancaire et non un commissariat de police.
(Dites, un malotrus veut vous escroquer et on vous ordonne de laisser courir…
faut- il vous préciser qu’il y avait un peu de Zorro en moi et que j’étais bien décidé à alpaguer cet arsouille !)
J’appelai la police. Peu de temps après ce fut l’attroupement dans l’agence.
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Bien entendu mon chefton vint me menacer pour avoir outrepassé ses ordres,
craignant une méprise : il s’avéra que l’homme était bel et bien un escroc et je
reçus quelques temps plus tard une prime de 1400 francs.
Je n’aurai que difficilement supporté, durant ma courte carrière professionnelle,
cette mentalité et en règle générale la nature humaine.
Ma vie durant je n’ai toléré les injustices et j’ai vécu plus d’une fois pareilles
mésaventures, à mon corps défendant !
J’avais entendu parler d’une société d’intérim, “ Alpha Travail Temporaire ”, et
comme mon contrat de travail arrivait à expiration, je décidai de les contacter.
Je fus tout de suite séduit par leur professionnalisme et par les conditions qu’ils
offraient !
Après une année de bons et loyaux services au Crédit du Nord durant laquelle je fis
l’apprentissage du métier avec plus ou moins de fortune (sans oublier un truand à
mon tableau de chasse !) je m’orientai vers l’intérim bancaire où il me faudrait faire preuve de capacités d’adaptation et de souplesse : c’était un challenge d’autant plus séduisant que les conditions financières étaient particulièrement attractives.
Nous habitions Vitry sur Seine depuis presque deux ans et venions de troquer notre
studio pour un grand deux pièces.
Nous ne pouvions faire autrement que de prendre le pli de cette vie trépidante
avec ces transports interminables et ces gens si tristes, si fermés aux autres.
Aussi, dès que nous étions en congés, descendions-nous sur notre chère Côte
d’Azur.
On ne se rend pas compte la chance que l’on a d’habiter une région si belle, au
climat si agréable et il nous aura fallu jouer les exilés pour l’apprécier à sa juste valeur.
C’est à chaque fois avec un fort pincement au coeur que nous nous envolions vers
cette capitale si grise et si impersonnelle.
ROMAIN
Nathalie attendait un heureux événement et bientôt ce fut le centre de nos
préoccupations, de nos espérances, de notre vie.
Je mis du temps à réaliser que nous allions bientôt être trois, mais au fur et à
mesure que son ventre s’arrondissait, cela devenait de plus en plus concret,
palpable.
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Je sentais un petit être bouger à l’intérieur du ventre de la femme que j’aimais !
Et puis nous savions que ce serait un garçon et avions choisi le prénom :
Notre fils s’appellerait ROMAIN.
Ce lundi 4 décembre fut certainement mon jour le plus long.
L’obstétricien avait programmé l’accouchement et j’accompagnai Nathalie à la
clinique à 8 heures du matin.
Ce fut interminable, le bébé ne voulant pas montrer le bout de sa frimousse ;
finalement vers 23 heures notre ROMAIN poussa son premier cri.
Instant magique, merveilleux où notre émotion était à son paroxysme !
J’avais du mal à réaliser que ce petit être que je venais de séparer de sa maman était aussi le fruit de ma chair, de notre amour.
A l’avenir j’aurais un petit homme sous ma responsabilité, moi si insouciant
jusqu’alors, et il était si petit, si fragile.
A l’époque, j’étais en mission pour six mois à la Sogénal (Société Générale
Alsacienne de Banque), une agence sympa dans le 8ème arrondissement.
La Chose faisait partie intégrante de mon être, Elle était
capricieuse mais je l’aimais bien malgré tout et puis je
m’étais habitué à voir mon bras improviser de temps à
autre un solo sans en référer à mon Ordinateur central.
14
LE CHOC
J’avais entendu parler d’un nouvel examen, l’I R M, qui, contrairement au scanner,
permettait d’avoir une découpe parfaite du cerveau et comme je vivais avec la
Chose depuis dix ans déjà, je décidai de prendre rendez-vous à la fondation
ophtalmologique de Rotschild, dans le service du professeur Mikol.
Car, même si je l’avais plus ou moins apprivoisée, m’accommodant tant bien que
mal de mon bras impétueux, je n’avais cependant jamais l’esprit en paix !
L’hôpital était à deux pas de notre nouveau domicile et je passai rapidement
l’examen.
Quelques jours plus tard, je me retrouvai dans le bureau d’un neurologue qui me dit
sans ambages que j’avais un pétard dans la tête, une volumineuse malformation
artérioveineuse rolandique gauche !
J’étais abasourdi, anéanti, moi qui avais voulu passer cet examen pour me
rassurer, régler une bonne fois pour toute mon différend avec cette foutue épilepsie,
voilà t’il pas que le ciel me tombait sur la tête.
Ma vie venait de basculer une nouvelle fois, et quelle bascule, j’étais à mille lieues de me douter de la profondeur abyssale qui accueillerait ma chute !
(Mais soyez patient, le saut dans le vide est imminent …)
Je passai dans la foulée une artériographie ; je fus hospitalisé 5 jours et je me
souviens que mon voisin de chambrée était aveugle, atteint de sclérose et qu’il était en phase terminale.
(Je ne me doutais pas que ce genre de malades lourds allait partager mon quotidien
quelques années plus tard.)
On m’orienta rapidement vers un chirurgien embolisateur qui voulait intervenir en
4 fois au moins vu l’importance de la malformation.
Les médecins m’avaient traumatisé, me disant qu’il ne fallait surtout pas faire
d’efforts ni prendre l’avion ……pendant un certain temps c’est tout juste si j’osais
tenir mon fils dans mes bras !
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Mon bon sens me disait qu’il me fallait avoir d’autres avis ; aussi pris-je rendezvous à la Pitié Salpétrière où le chirurgien me dit cette fois-ci que l’angiome était trop mal placé pour risquer une intervention.
J’allai à l’hôpital de la Timone à Marseille qui venait de s’équiper d’un Gamaunit,
un accélérateur à rayons, mais là encore je me vis rétorquer que la tumeur était
trop volumineuse ; on a même envoyé mes clichés à Stockholm pour avoir l’avis
d’un éminent chirurgien mais ce fut toujours le même leitmotiv : trop important
pour ne pas risquer de graves séquelles post-opératoires !
Vous rendez-vous compte, une épée de Damoclès au dessus de la caboche, avec des
séquelles importantes en plus, qu’est ce qu’ils me racontaient tous, d’autant que je
me sentais en pleine santé !
Ma vie qui jusqu’ici m’en avait fait voir des vertes et des pas mûres en remettait
une couche, et quelle couche, une strate dirais-je, un inextricable foutoir et le pire
c’est que je ne pouvais faire autrement que de subir mon Destin, de me rapprocher
de la catastrophe.
Je ne mesurais pas l’ampleur du risque encouru et puis, c’est bien connu, les
médecins noircissent souvent le tableau …
Je ne donnai pas suite à la proposition du professeur Moret, bien décidé à ne pas me
faire charcuter.
Et puis, petit à petit, je repris du poil de la bestiole faisant mienne la devise “ Carpé Diem ”.
Mais comment aurais-je pu vivre normalement, faire comme si de rien n’était
sachant que du jour au lendemain cette autre Chose, ce “ Big One ”, pouvait
survenir sans crier gare, comment, je vous le demande ?
J’aurais bien aimé en parler, dire au monde entier mon terrible secret, mais à qui ?
Au lieu de cela je gardai tout pour moi comme je l’avais toujours fait avec
l’épilepsie !
Ma relation avec Nathalie allait en se détériorant.
Je reconnais que c’était en grande partie de ma faute, elle supportait de moins en
moins mes frasques de plus en plus fréquentes tandis que je lui reprochais de trop
reporter son affection sur notre fils !
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Nous nous connaissions depuis 5 ans et une certaine routine s’était installée; bien
sûr, la venue de Romain avait renforcé notre amour, mais la vie dans cette ville
triste et impersonnelle où nous n’avions ni attaches, ni amis avait accéléré le
processus d’érosion de la relation.
Nathalie se fit muter à Nice me laissant à Paris, une main devant, l’autre derrière !
VIRGINIE
Je fréquentais Virginie depuis un an, je l’avais connue deux ans auparavant à la
Sogénal où elle faisait un stage et j’avais été subjugué par sa beauté.
Après plus de 6 mois de galère où nous allâmes d’hôtels en appartements prêtés ou
sous loués, nous atterrîmes à Montrouge, aux portes de la capitale, dans un petit
rez-de-jardin.
Avec Nathalie c’était la guerre ouverte et je n’avais pas réussi à voir mon Romain
lors d’une précédente descente sur la côte d’azur.
Ce petit bout me manquait cruellement !
J’aimais vraiment Virginie qui était douce et sensible mais encore une fois je me
débattais dans des problèmes croissants.
Je n’avais rien d’autre à lui offrir que de l’amour et de la tendresse.
Aucune perspective d’avenir, rien sinon profiter du moment présent, prendre un
maximum de plaisir afin d’oublier tout le reste.
Même les missions d’intérim n’étaient plus aussi nombreuses.
Je passai l’année vivotant à la petite semaine, essayant tant bien que mal de fuir les tourments qui m’accablaient.
J’avais trouvé un modus vivendi avec Nathalie et j’avais enfin pu voir Romain.
Mais ce spectre omniprésent me hantait, m’obsédait et puis quelles seraient les
séquelles si d’aventure je faisais une hémorragie cérébrale ... ???
La seule chose dont je fus certain était que j’avais cette maudite épée de Damoclès
logée dans la partie gauche du cerveau et qu’elle pouvait s’abattre à n’importe quel
moment, sans crier gare.
Le pire, c’est que j’en avais pris mon parti et qu’au lieu de vivre raisonnablement
je brûlais la vie par les deux bouts.
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Je la narguais en prenant régulièrement l’avion, en faisant du sport intensif, en
nageant en mer, au large tant qu’à faire !
Et l’amour me direz-vous ?
Aussi étrange que cela paraisse, je n’ai jamais ressenti le moindre malaise en
pratiquant la position horizontale, d’où mon amour immodéré pour les Femmes.
Retour à la case départ !
Ainsi je fis la connaissance d’une streap-teaseuse ; Virginie l’apprit, ce qui
précipita ma débâcle Parisienne.
J’aurais été au bout de mes fantasmes mais je le payais au prix fort et quelques
temps après je redescendais sur Nice avec armes et bagages.
Encore une fois j’avais tout gâché mais à la réflexion c’était peut être mieux car
quelles perspectives d’avenir pouvais-je lui offrir … ?
(Dites vous compatissez au moins, vous avez vu cette descente vertigineuse,
accrochez-vous parce que je ne suis pas au bout de mes peines !)
Et puis je pourrais voir mon Romain qui me manquait tant.
Tout d’abord je réintégrai le domicile familial.
Bien vite les tensions reprirent comme au bon vieux temps.
Impossible de trouver du travail dans le secteur de la banque ni ailleurs et
réinscription à l’ANPE.
Je poursuivais ma chute inéluctable vers le néant et ce dont j’étais certain, c’est que je m’en rapprochais chaque jour davantage.
Alors je me réfugiais en la recherche de plaisirs, de relations toutes plus éphémères,plus futiles les unes que les autres.
Après quatre mois chez mes parents, j’emménageai dans un studio à Juan les Pins.
J’enchaînais les petits boulots et menais une vie de plus en plus dissolue ;
Rétrospectivement je me demande si je ne sentais pas venir ma propre dissolution
!
Romain était mon seul réconfort, ma seule attache dans ce monde auquel je ne
croyais plus.
Je fis la connaissance de Nathalie avec qui je vécus 5 mois mais cette relation était vouée à l’échec, comme tout ce que j’entreprenais du reste.
Je me retrouvais seul en cette fin d’année 1994.
18
J’avais rencontré une femme en discothèque et j’allai la rejoindre à Valbonne, ce
1er janvier, quand au détour d’un virage rendu glissant par la pluie je fis une
violente sortie de route.
Résultat des courses : mon véhicule bon pour la casse.
L’état de mes finances ne me permettant pas de m’en racheter un, je fis
l’acquisition d’un VTT .
J’avais maigri et m’alimentais très mal, de plus j’avais fait des crises rapprochées
ces temps derniers et le vélo n’arrangeait guère les choses.
37ème dissous !
Ce lundi 14 février 1995 j’avais été m’inscrire à un club d’échecs, il était plus de 11 heures du soir lorsque je rentrai à vélo.
Le club se trouvait à 3 kilomètres de mon domicile et j’étais presque arrivé lorsque
j’eus un étrange pressentiment en même temps que la crise s’emparait de moi !
Tout s’est passé très rapidement : Je me souviens seulement d’avoir eu la présence
d’esprit de dire à une femme promenant son chien sur le trottoir qu’un véhicule
m’avait heurté tandis que je sentais un flot bouillonnant envahir ma tête : je
m’écroulais !
Elle aura eu raison de moi, m’aura rattrapé pour me jouer un dernier tour, me porter
l’estocade …
J’aurai bu le calice jusqu’à la lie !
19
Quand je vous disais que l’épopée d’Ulysse, à coté de la
mienne, c’est du pipi de chat …
Parce ce que c’est une chose que de tomber raide
foudroyé, de choir d’un mètre quatre vingt dix, mais il
s’agit de la relever la carcasse, et j’aime autant vous dire
que ce qui va suivre est autrement plus gratiné, d’autant
que je ne pouvais même pas compter sur l’aide d’une
Pénélope joli coeur !
Les médecins m’ont finalement opéré après 45 jours pendant lesquels ils me
maintinrent dans un coma artificiel.
J’avais fait des complications pulmonaires avec septicémie et j’étais trop faible
pour pouvoir subir une intervention.
L’hémorragie avait été telle que les médecins se réservaient sur le pronostic vital.
De cette période je n’ai aucun souvenir ; mes proches m’avaient expliqué, lors de
l’un de mes rares moments de conscience, que les chirurgiens allaient m’opérer et à
ces mots j’avais paru horrifié.
Suite à l’intervention au cours de laquelle le professeur Grellier m’enleva
l’angiome, l’Absolument Volumineuse Chose, j’ai traversé une phase critique où
j’ai sombré dans un coma profond, mais ce n’était apparemment pas mon heure.
20
A mon réveil ce fut un choc.
Que même dans les films d’épouvante on ne pourrait pas imaginer pire scénario !
Je ne pouvais pas bouger, j’avais des tubes, des tuyaux, des sondes, des perfusions
plein le corps !
Et horreur suprême, apothéose exquise, je ne pouvais pas parler…
On me fit des tests pour voir si mes fonctions cognitives n’étaient pas altérées.
Les médecins essayaient bien de me mobiliser les membres mais à mon grand
désarroi je me voyais dans l’impossibilité de les bouger, et puis je me sentais si
faible, je n’avais plus que la peau sur les os, j’avais perdu plus de vingt kilos.
Mais j’étais dans le Brouillard et je ne comprenais qu’à
demi l’horreur de la situation …
Je passai trois mois à l’hôpital Pasteur et vers la fin on me mit dans un fauteuil
roulant, ce fut un calvaire ; j’implorai les kinés pour qu’ils me recouchent, j’avais
mal dans tout le corps, j’étais perclus de douleur, mon corps entier n’était que
souffrance extrême.
Durant ces mois, ma famille se relaya à mon chevet, et puis Nathalie, avec qui
j’avais vécu 5 mois avant mon hémorragie, vint chaque soir.
Mon Romain se demandait où avait bien pu passer son papa !
Je me souviendrai toute ma vie de ce petit homme que l’on a allongé tout contre
moi, il est resté de longues minutes sans bouger, blotti contre son père plein de
tuyaux.
Je me demande ce qui a bien pu se passer dans sa petite tête, il aura fait montre
d’un grand courage.
21
L’Autoroute du Calvaire !
Fin mai on me transféra à l’hôpital l’Archet, centre de rééducation fonctionnelle de
Nice.
Là je me familiarisai avec ce qui allait devenir mon univers, rythmé au gré des
soins et des repas.
On me présenta Martial, un jeune kiné originaire de la Réunion, il viendrait deux
fois dans la journée me mobiliser dans mon lit.
L’orthophoniste vint également, afin de me faire articuler et d’entamer une lente
récupération de ma paralysie faciale.
J’étais extrêmement faible, de plus un volumineux cal osseux apparût au niveau du
genou droit ; j’appris plus tard que ces ossifications viennent se greffer sur les
articulations du fait de l’immobilité prolongée !
(LA TOTALE QUE JE VOUS DIS.)
Mes parents venaient me faire manger à midi tandis que Nathalie s’arrangeait pour
passer le soir.
En plus des soins fréquents, je passais régulièrement des séries d’examens, sans
compter le lot quotidien de nombreux comprimés, piqûres et prises de sang.
J’étais toujours sujet aux crises d’épilepsie suite au traumatisme opératoire.
Les médecins passaient tous les lundis matin autour du professeur Ziegler, chef de
service, pour faire le point.
Mon cas était désespéré quant aux chances de récupération, je le sentais bien à
leurs têtes.
Je récupérais progressivement la mobilité de ma jambe et de mon bras gauches.
22
Au bout de deux mois, les médecins me firent comprendre qu’il me faudrait venir
aux séances de kiné et d’orthophonie le matin au plateau technique !
J’avais affreusement mal dès que l’on m’asseyait dans ce maudit fauteuil auquel on
avait rajouté une minerve pour me soutenir le cou.
C’était épouvantable, on aurait dit que mes os rentraient dans ma peau, surtout au
niveau des fesses qui étaient à vif ; aussi, au début tout au moins, je ne tenais guère
plus d’une heure, des sueurs froides survenant rapidement.
En règle générale, le personnel soignant était gentil mais j’avais énormément de
mal à me faire comprendre ce qui ajoutait à mon sentiment d’impuissance !
J’avais un bain par semaine dans une civière en plastique ; les autres matins, on
faisait ma toilette au lit dans une bassine.
Et puis ces difficultés pour aller à la selle du fait de la position allongée avec ce
maudit bassin inconfortable !
J’étais depuis trois mois à l’Archet et déjà deux patients avaient partagé ma
chambre.
J’avais repris quelques kilos mais me sentais toujours aussi faible avec une
lassitude croissante au fil des jours ; et puis ce bras et cette jambe désespérément
inertes et mon genou de plus en plus douloureux et volumineux !
(Dites, je peux vous affirmer que l’Enfer ce n’est pas les
autres, ni l’au-delà, je le vivais dans ma chambre d’hôpital
quotidiennement !)
Je dus subir une petite intervention pour suturer la trachéotomie.
Vint le jour où une infirmière prit mes parents à part pour leur expliquer que je
devrais essayer de manger seul ; sur le coup je la maudis en mon for intérieur !
J’ai toujours été maladroit de la main gauche, d’autant que je recouvrais à peine
l’usage d’icelle !
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(Avec le recul, je sais pertinemment que c’était pour mon bien mais encore une fois
j’étais si faible, si las, que le moindre geste représentait un effort terrible.)
Je ne supportais pas de me voir ainsi diminué.
Ce corps meurtri avec ces deux membres inertes me désespérait, mais
rétrospectivement je réalise que le fait d’être dans l’impossibilité de m’exprimer, de
communiquer, est ce qui m’aura fait le plus souffrir.
La frustration de ne pouvoir me faire comprendre me plongeait dans des colères
monstres.
Je n’ai jamais totalement perdu espoir, je vivais ou du moins je survivais au jour
le jour.
C’est étrange la faculté qu’a notre organisme et plus particulièrement notre
psychisme de s’adapter aux pires situations.
Pour tuer le temps, les longues heures de solitudes, je ressassais mentalement des
phrases sans liens ni cohérences apparents un peu à la manière des moines
bouddhistes psalmodiant leurs mantras.
Cela avait le mérite de détourner mon attention de la dure et accablante réalité,
défense naturelle à la réflexion, sans quoi on sombrerait dans le désespoir ou la
folie !
D’autant que je recouvrais à peine mes entières facultés mentales, ce qui n’était pas
plus mal vu la souffrance extrême que je venais d’endurer.
Je me souviens du jour où je me mis à pleurer toutes les larmes de mon corps, un
profond désespoir, au grand dam de mon voisin d’infortune qui essaya bien de me
réconforter, sans succès…
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Un matin on vint me changer de chambre, une chambre d’où je pouvais voir la mer,
elle était occupée par Georges, un patient qui s’était explosé les chevilles lors d’un
saut en parachute !
Il avait un moral et une bonne humeur communicatifs qui m’enchantèrent.
Si j’avais repris du poids et articulais des paroles à peu près intelligibles, toujours
rien du coté des membres.
Cela faisait cinq mois que j’étais au centre et les résultats n’étaient guère
encourageants, d’autant que je ne faisais aucun effort, la faiblesse et la lassitude
étant les plus fortes.
Je ne pouvais faire de mouvements brusques sans quoi mon bras se raidissait ce qui
provoquait des douleurs encore plus vives : après les clonies brachiales, je
découvrais la spasticité, lot de bien des hémiplégiques !
Ces contractions involontaires du bras droit, ces tremblements incessants
m’horripilaient au plus haut point.
Les jours défilaient, monotones …
Un après midi d’octobre, une équipe de télévision vint faire un reportage sur le
centre de rééducation, plus particulièrement sur la réinsertion des accidentés de la
vie.
C’est ainsi que je passai devant l’oeil de la caméra pour un court reportage où l’on
me vit aux prises avec le chef kiné qui me souleva comme un sac de patates pour
me mettre en position horizontale ; le journaliste me demanda si j’espérais
remarcher un jour, je répondis par l’affirmative tout en précisant que ce serait longlong
.
Mes relations avec le personnel soignant devenaient tendues, certains disant en
plaisantant que je passerais les fêtes de fin d’année avec eux.
Avec l’orthophoniste non plus ce n’était pas évident ; elle faisait preuve de
beaucoup de rigueur et j’enrageais de ne pouvoir maîtriser mes émotions, contrôler
ma respiration, ce qui provoquait immanquablement des bégaiements et des blancs
pendant lesquels des convois de caravanes passaient sans que je prononce une
parole.
Tout en étant très entouré, un cruel manque affectif se faisait sentir ; je vivais seul
à l’époque de mon accident vasculaire et même si Nathalie avec qui j’avais eu une
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relation de 5 mois était venue chaque soir les premiers mois, je ressentais un
profond manque de tendresse et d’amour !
Moi qui jusqu’alors n’avais vécu que pour les Femmes, cruel Destin …
Les semaines défilaient, toujours aussi longues, les malades autour de moi se
succédaient et je me retrouvais à la même place, échoué.
Je commençais à faire partie des meubles …
Même Martial montrait des signes d’agacement, et moi, que pouvais-je faire ?
( Rétrospectivement je me rends compte que l’hôpital l’Archet était moins adapté
pour des malades en long séjour ).
J’étais impuissant quant à un improbable retour, à une hypothétique récupération de
mes fonctions physiques… seul le cerveau pouvait initier le processus : si
seulement ces foutues connexions neuronales voulaient bien se reformer !
Oui, le plus terrible c’est que je ne tenais pas mon destin entre “ mes mains ” !
Je ne pouvais même pas implorer l’intercession d’un Dieu étant sceptique quant à
l’existence d’une quelconque entité, à part peut être celle du mal !
Je fis une première sortie d’une semaine chez mes parents.
Cela faisait 6 mois que je n’avais pas eu de contacts avec le monde extérieur, 6
longs mois pendant lesquels ma vie s’était résumée à des soins et de vains efforts
pour retrouver, récupérer je ne sais quoi !
Mes parents se faisaient une joie de m’avoir avec eux.
26
J’étais content certes, mais que pouvais-je faire d’autre que de me laisser choyer !
Je ne quittais pas le lit médicalisé et je pris conscience de mon état, de ma
condition bien plus qu’à l’hôpital, milieu confiné et sécurisant.
Oui, je commençais à entrevoir l’horreur de mon existence future à l’occasion de
cette permission.
Et je dois reconnaître que je n’avais qu’une hâte, c’était de réintégrer l’hôpital, lieu
où j’avais mes aises, si tant est que l’on puisse parler d’aises, à tout le moins de
plus grands espaces et du matériel adapté.
En septembre, j’avais passé une scintigraphie du genou en vue d’une intervention,
mais le processus de formation osseux était toujours actif.
Début décembre je repassai l’examen et une date fut avancée :
Je fêterais bien Noël à l’hôpital !
Je commençais à me déplacer seul dans mon fauteuil en m’aidant de la jambe et de
la main valides et surtout je me tenais beaucoup mieux.
Cela me permit de rencontrer du monde dans les couloirs ce qui me changeait de
cette chambre-capharnaüm !
Il n’empêche que, au bout d’un certain temps, les douleurs aux fesses devenaient
insupportables.
En plus de la télé, j’avais un poste de radio que je pris l’habitude de maintenir
allumé, la plupart du temps sur la station “ rire et chansons ”.
On se payait de franches parties de rigolade mon voisin de chambrée et moi,
d’autant que l’univers hospitalier désinhibe et que les repères des malades posttraumatisés
crâniens sont tout autres, ce qui engendre bien souvent des délires
monstres!
Je rencontrai un patient qui avait un jeu d’échecs.
Mes parents m’apportèrent l’échiquier électronique que je m’étais acheté à Paris.
J’ai toujours été attiré par ce jeu magique, c’est un professeur de maths de 6ème qui
m’a initié.
27
On commença à me verticaliser après 8 mois.
Drôle de sensations, vertiges, malaise.
En ergothèrapie on me mobilisait la main ; je faisais de vains efforts, coopérant du
mieux que je pouvais !
(J’aurais bien voulu mais je pouvais point la bouger ma menotte …)
J’ai toujours fait bonne figure essayant d’être d’humeur égale et plus je récupérais
des forces, plus je recouvrais mes facultés, plus mon humour d’antan refaisait
surface.
Cela m’aidait, me permettait de m’abstraire de la dure réalité en me moquant de
moi et des autres !
Nous étions à l’affût du plus petit prétexte, le plus souvent à plaisanteries salaces !
Et puis ne dit-on pas “ l’hôpital qui se moque de la charité ” !
Un après midi, Guy, mon beau-frère, qui est kiné, vint me chercher pour une
ballade en voiture.
Ce fut un choc vraiment émouvant, je pleurais à chaudes larmes.
Voir la promenade des anglais par ce bel après-midi, avec tout ce monde… j’avais
l’impression de revenir à la vie !
Encore le train-train, la routine immuable :
Ronde matinale des infirmières de nuit, réveil, petit déjeuner au lit, toilette, longue
attente, petite séance de kiné, plateaux repas du midi avec barquettes aseptisées au
contenu sans saveur, recoucher, séance d’orthophonie, kiné en chambre, attente,
visites, dîner et recoucher !
(Ça vous dit quelque chose ce programme d’enfer !)
Ma vie se résumait à ces réjouissances qu’il fasse soleil, qu’il vente ou bien qu’il
pleuve, j’étais totalement déconnecté du monde extérieur !
J’étais protégé par ce microcosme grâce auquel je ne perdais pas le moral, je ne
désespérais pas !
Je ne prenais pas de substances euphorisantes, je vivais, ou du moins je survivais,
en l’espoir de lendemains meilleurs.
Je commençais à lire un petit peu.
Des revues, puis j’achetai un premier livre à la librairie de l’hôpital, mon premier
San Antonio !
(Si vous voulez combattre la mélancolie vous savez ce qu’il vous reste à faire. Je ne
compte plus le nombre de fois où j’ai cru m’étouffer de rire !)
28
Lors d’une consultation, le professeur Grellier me dit qu’il était stupéfait par mes
progrès.
OUI, malgré tout je revenais de loin et les nombreuses consultations avaient le don
de me remonter le moral ; raconter ce par quoi j’étais passé me redonnait du
courage !
La date approchait …
Mon genou me faisait toujours aussi mal, je ne pouvais pas le plier et plus d’une
fois les mouvements brusques des aides soignants m’ont fait hurler de douleur.
L’opération s’était bien déroulée, le chirurgien avait gratté la calcification
osseuse ; une semaine plus tard je réintégrai ma chambre à l’hôpital l’Archet.
Georges était parti depuis deux mois et j’étais le doyen des patients, le pilier,
l’indéboulonnable !
Je savais que des pourparlers étaient en cours pour trouver un autre centre,
notamment dans le Var.
Quinze jours plus tard, après 8 longs mois passés à l’hôpital l’Archet, je fus
transféré à l’hôpital Renée Sabran dans la presqu’île de Giens.
Ce fut non sans un pincement au coeur que je quittai tout ce petit monde qui avait
partagé mon univers durant ces nombreux mois.
Après avoir tutoyé la mort, j’étais petit à petit revenu à la vie.
Je n’avais pourtant parcouru qu’une infime partie du chemin, un tout petit bout du
périple, il me faudrait encore faire preuve de courage, de patience, de volonté, avec
toujours, malgré tout, cette petite étoile au dessus de la tête après tant d’années
passées en compagnie de ce maudit spectre hémorragique …
Juste retour des choses, ne trouvez-vous pas ?
29
Vous souvenez-vous que j’ai débuté ce récit en faisant un
saut de 15 ans dans le temps, histoire d’attirer le prospect,
une mise en bouche !
Voulez-vous le trou normand maintenant ?
Un petit bond de 10 ans en avant :
Il y a un mois et demi j’ai fêté ma date anniversaire
hémorragique, et le matin même je m’étais attelé à la
rédaction d’un texte sur la magie du jeu d’échecs !
Je viens de rencontrer une femme merveilleuse, nous
avons passé la nuit ensemble, Nuit de sensualité et de
tendresse !
Incroyable non ?
Patience et longueur de temps, voilà l’une des clés dans notre
affection… vous apprendrez que le temps fait bien des miracles,
et qu’il apaise bien des souffrances !
30
Mais reprenons le fil de l’épopée, si vous le voulez bien …
De mon plein gré l’issue !
C’est par un début d’après midi de janvier, il pleuvait à verses, que je découvris ce
qui allait être le lieu de mon retour, de ma réadaptation fonctionnelle à proprement
parler : car j’étais si faible jusqu’à présent que l’on ne pouvait parler de
rééducation, tout au plus de mouvements faits à l’insu de mon plein gré comme
aurait dit l’autre !
Le personnel soignant était aux petits soins.
Je fus tout de suite agréablement surpris par la nette différence ; il faut dire que
nous n’étions qu’une vingtaine de malades dans l’aile du bâtiment alors qu’à
l’hôpital l’Archet c’était l’usine !
Le changement se ressentait surtout dans les soins, ainsi avais-je droit à ma douche
chaque matin.
De plus on nous fournissait à discrétion “ des suppôts de zitoire ” pour aller à la
selle.
Essayez de faire allongé dans un bassin, je vous souhaite bien du plaisir !
En l’occurrence, pour ce qui me concernait, un an bientôt et rien de tel qu’une
bonne constipation pour démarrer la journée !
Encore une fois je déchantai bien vite !
Lorsque le docteur Boucan, chef de service, vint me dire qu’il me faudrait
respecter, et ce pendant trois mois, un protocole pour mon genou, avec alternance
de la position pliée et allongée à 90 degrés toutes les 3 heures même la nuit !!!,
alors qu’à l’hôpital l’Archet on m’avait tout de suite mobilisé sur un appareil, un
kinetech faisant travailler le genou en de lents mouvements de va et vient, vous
comprendrez ma stupeur et mes doutes !
Il y avait deux écoles et les résultats n’étaient à l’évidence guères probants …
Ce que je ne savais pas c’est que le processus d’ossification pouvait se
reformer, ainsi on me confectionna un gros carré de mousse que je devais garder
sous la guibole toute la nuit ce qui est une très contraignante gymnastique vous en
conviendrez !
31
Imaginez-vous la nuit, la gambette en l’air …aussi pris-je l’habitude d’envoyer
balader le tout au bout d’une heure : les veilleuses de nuit étaient peu regardantes et
bien souvent je leur disais que tout s’était écroulé juste avant leur arrivée !
L’établissement se trouvait en pleine pinède sur un domaine immense dans un
cadre idyllique ; il y avait une plage de sable à 50 mètres des chambres à laquelle
on avait directement accès de certaines terrasses.
J’appris plus tard que le Club-Med avait été intéressé par l’acquisition des lieux.
Cela me changeait de l’hôpital l’Archet, coincé à flanc de colline, mais ça me
faisait une belle jambe !
Je me vis attribuer Yves pour kiné.
Dans un premier temps le programme se limita à la mobilisation du membre
supérieur afin de respecter le protocole.
Puis on commença à me verticaliser.
J’avais toujours ces vertiges et ces sensations de malaise après un certain temps en
position debout.
L’ergothérapeute vint dans ma chambre le premier jour.
Elle m’expliqua qu’elle était là pour me réapprendre tous les gestes de la vie
courante nécessaires à l’autonomie.
C’est ainsi que je découvris l’existence du couteau-fourchette et de tout un tas
d’autres accessoires sensés faciliter le quotidien des personnes handicapées !
Je n’étais pas au bout de mes surprises, ni de mes peines car je dus bien vite
m’habiller seul, autant qu’il m’était possible et ce n’était pas peu dire !
Avez-vous déjà essayé d’enfiler des bas avec une main, le tronc raide comme un
passe-lacet !
Je mis au “ bas ” mot pas loin d’une heure les premières fois et comme je venais de
prendre ma douche, j’en étais quitte pour m’essuyer à nouveau tant je sortais de ces
é “ bas ” trempé de sueur ! (L’enfer vous dis-je …)
Du fait de mon immobilité je devais avoir recours à ces collants afin de faciliter la
circulation sanguine sans quoi je risquais la phlébite malgré les piqûres, chaque
matin, pour fluidifier le sang ; c’était assez drôle de voir tous ces patients
déambuler dans les couloirs accoutrés de la sorte !
Je réappris à m’habiller !
32
Ce ne fut pas évident mais je tirai une certaine fierté de pouvoir me débrouiller un
peu, rien qu’un petit chouya cependant …
J’allais prendre mes repas à l’office.
Je pus savourer la différence avec les barquettes sans goût de l’Archet .
Nous étions une dizaine d’infortunés au K2, une majorité de traumatisés crâniens
qui revenaient à la vie après avoir fait pour la plupart un coma !
Cela me faisait du bien cette distance ; à l’Archet, je trouvais de plus en plus
pesantes ces présences journalières qui ne m’étaient d’aucun recours.
J’ai toujours détesté inspirer la pitié, la compassion.
Delphine, l’orthophoniste, me prit en charge.
J’avais relativement récupéré de ma paralysie faciale mais je butais toujours sur ce
problème d’émotion qui entraînait un blocage, à mon grand désespoir.
Je me faisais comprendre, cependant je ne pouvais soutenir une conversation sans
accrocher, bredouiller, bégayer et cela me minait ; je préparais bien mentalement
mes phrases essayant de tourner sept fois ma langue dans ma bouche, mais cela
avait bien souvent l’effet inverse et je me bloquais davantage.
Une grande salle commune était à notre disposition où l’on pouvait se réunir et se
livrer à diverses activités, essentiellement ludiques.
Peu de temps après mon arrivée, je fis une ballade avec un petit groupe de patients.
Le domaine était immense avec de nombreux arbres, des vestiges romains, une
église et à côté de la plage une petite rotonde avec un ponton.
A cette occasion je pus constater l’entraide entre malades, une solidarité naturelle,
ainsi les valides poussaient-ils les fauteuils des plus faibles …
Notre bâtiment était subdivisé en trois secteurs : le K1 réservé aux paraplégiques et
tétraplégiques, le K2 aux traumatisés crâniens et hémiplégiques tandis que le K3
accueillait les accidentés corporels ; d’autres bâtiments étaient disséminés sur tout
le domaine.
33
Ainsi passai-je les trois mois durant lesquels il me fallut respecter le protocole du
genou à faire plus ample connaissance avec le personnel, les malades, le monde qui
m’entourait.
Les médecins passaient tous les lundis matins, toujours cette même procession qui
faisait le point.
J’avais repris quelques kilos mais le tableau n’était guère folichon !
Je me trouvais décharné avec ce côté droit atrophié ; moi qui avais de tous temps
accordé une extrême attention à mon apparence physique, je me voyais comblé …
De plus j’avais ces lunettes aux verres épais alors qu’auparavant je portais des
verres de contact.
Je tenais un peu plus longtemps dans mon fauteuil mais c’était au prix de douleurs
aux fesses insupportables malgré le coussin de silicone que j’avais acheté.
Le même cycle immuable reprenait son cours à la différence près que cette fois-ci
j’étais pleinement conscient de mon état, de ma situation.
Je gardais le secret espoir de récupérer, malgré le diagnostic défavorable des
médecins.
J’avais essayé d’écrire de la main gauche dès la fin de mon séjour à l’Archet et
c’était démoralisant : je maudissais le sort de m’avoir fait droitier ; je pris
d’ailleurs l’habitude d’employer le vocable “ malàgauche ” pour qualifier mon
inaptitude à me servir de ma senestre.
J’avais commencé les mots croisés espérant par la même occasion faire quelques
progrès en calligraphie mais cela s’apparentait pour l’heure à de l’art pariétal !
On m’avait fourni une épaulière pour soutenir l’omoplate qui était nettement
descendue du fait de la paralysie du côté droit.
Je souffrais de douleurs diffuses et prenais toujours autant d’antalgiques.
Je n’avais plus fait de crises d’épilepsie depuis au moins 6 mois, néanmoins je
poursuivais le traitement.
La compagnie des patients du K2 n’étant guère réjouissante, je pris rapidement
l’habitude d’aller traîner mes guêtres chez les patients du K 3 qui étaient
généralement réunis dans la salle commune, jouant aux cartes où discutant en
petits groupes.
Je m’intégrai rapidement à eux.
Deux ordinateurs se trouvaient dans le local dévolu à l’ergothérapie et j’essayai de
m’y mettre non sans difficultés car ça se bousculait au portillon !
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Les semaines passaient, toujours aussi longues, aucun malade ne partageait ma
chambre et ce n’était pas plus mal car à l’Archet j’avais dû endurer les ronflements
de bien des compagnons !
Ma famille s’arrangeait pour venir toutes les deux semaines ; cela me faisait du
bien d’avoir pris de la distance, du recul.
Un nouveau patient arriva au K2, il se prénommait Carlo et avait une soixantaine
d’années ; il débordait d’énergie.
Bien vite il me prit sous sa coupe.
Il avait eu le même genre d’hémiplégie mais à gauche une dizaine d’années
auparavant et avait parfaitement récupéré, seul son bras ayant perdu force et
précision.
Nous devînmes inséparables, nous livrant à des facéties envers le personnel
soignant et certains patients.
Carlo fit le forcing pour que je le rejoigne au réfectoire : à présent je m’estimais
capable de manger sans aide et ce serait certainement plus agréable de voir de
nouvelles têtes !
J’avais sous les yeux un exemple vivant de réintégration, de récupération.
Son entrain, sa bonne humeur me firent beaucoup de bien, ils me revigorèrent.
Et puis c’était un joueur d’échecs et nous nous livrâmes à des parties acharnées
durant de longues heures.
Je repris progressivement la rééducation de ma jambe droite après trois mois
d’immobilité, mon genou était douloureux, aussi fallait-il de longues séances de
kinetech pour regagner des degrés de pliure.
Je ne pouvais le verrouiller, ce qui interdisait la marche !
On me posa des électrodes pour “ éveiller ” les muscles de la jambe.
Autour de moi ce n’étaient qu’éclopés, fauteuils roulants, prothèses et
appareillages.
Bien souvent de jeunes patients avec des corps meurtris, informes.
Des membres sectionnés, des corps sanglés, tel était notre univers et malgré toute la
misère humaine qui nous accablait, la bonne humeur, les plaisanteries, l’envie de
Vivre…
MARCHOTTER
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Cela faisait plus d’un an que j’avais été victime de mon hémorragie cérébrale ; les
médecins m’avaient assuré que la période de récupération était d’un an et demi
maximum, après quoi les chances allaient s’amenuisant !
Malgré tout j’espérais …
Mon bras était raide, surtout au niveau du poignet; j’avais observé des
tremblements dans les doigts.
J’étais à l’écoute, j’observais mon corps dans l’attente du moindre soubresaut, de
la moindre secousse, du moindre signe précurseur du réveil.
C’était souvent de la spasticité, surtout au bras droit !
Comme mon foutu genou ne se verrouillait pas, on décida d’appareiller la jambe
afin de me permettre de remarcher.
MARCHER ce mot magique, cette position verticale rêvée depuis plus d’un an …
Je n’étais pas au bout de mes surprises.
Quelle ne fut pas ma désillusion quand je vis arriver le prothésiste avec cette chose,
cet appareil monstrueux qui me prenait toute la jambe … et puis toutes ces sangles
et ces ferrailles !
Ma joie, mon euphorie cédèrent la place au découragement, à un profond
abattement, à une sensation d’anéantissement.
Je fis mes premiers pas en me tenant laborieusement à des barres parallèles.
Mais coïncidence troublante, signe du destin, Yves me demanda d’essayer de me
passer de ce carcan et ô joie immense … je le verrouillai enfin ce satané genou !
Vous n’avez pas idée du bonheur intense qui m’envahît à ce moment là, j’en
pleurai de joie, une nouvelle étape allait commencer.
A l’heure actuelle j’ai encore du mal à m’expliquer ce phénomène à moins
d’envisager l’hypothèse selon laquelle ma jambe, effrayée par l’appareillage,
décida de se remuer le train !
J’allais véritablement réapprendre à marcher.
Ce n’est pas évident du tout, après tant de mois d’immobilité et de fauteuil roulant,
d’adopter la position verticale.
Même si on me verticalisait depuis un certain temps déjà, je ne pouvais rester
longtemps debout, des sueurs froides survenant rapidement.
Je n’avais plus de muscles, plus de sangle abdominale et toujours cette sensation
de faiblesse.
Il me fallait me montrer persévérant moi qui, avant l’accident, n’étais guère
patient.
36
Depuis plus d’un an je faisais l’expérience de l’humilité "humide", de la patience.
J’aime autant vous dire que ce traitement balaie tout sentiment d’amour propre !
Les longues attentes à tout propos, tout bout de champ et de couloirs : dans la
chambre pour les soins, pour le bassin quand les aides soignants tardent trop ou que
vous renversez le pistolet dans les draps (d’où l’humidité sus citée), pour la douche,
le lever, les séances de toutes sortes, les visites et les examens, déposé bien souvent
dans un coin comme un sac déplacé au gré d’on ne sait quels courants.
Je me laissais porter, transbahuter.
Un après midi on frappa à la porte de ma chambre.
C’était Céline, une psychologue stagiaire qui me demanda si je voulais bien
discuter.
Je me rappelle avoir croisé à l’Archet un psychologue qui m’avait posé quelques
questions et mon cas n’avait pas eu l’air de l’affoler au point de nécessiter un
suivi !
Je me prêtai volontiers à l’expérience ; ce ne fut pas facile pour moi de me confier,
j’étais trop rétif, mais plus elle me mettait en confiance plus je me livrais, lui
faisant part de mes angoisses quant à l’Avenir !
Je dois reconnaître que “ les séances ” m’avaient fait beaucoup de bien.
J’ai dû voir Céline une dizaine de fois en tout.
J’avais pris le coup pour faire avancer mon fauteuil : je lançais la jambe gauche
loin devant tandis que de la main j’actionnais la roue.
Au début ce fut plutôt ardu mais je dois dire que c’était efficace et j’éprouvais une
certaine fierté à tracer ainsi cheveux au vent.
Je retrouvais les patients dans la salle commune après dîner pour jouer au tarot
pendant de longues heures.
Durant ces soirées je découvris la vie des para-plégiques et tétra-plégiques avec les
tracas quotidiens, les difficultés d’accès partout et pour tout.
Le récit tragique et poignant de leur accident et malgré tout, leur volonté de vivre.
C ‘est pour cela aussi, je crois, que je n’abandonnais pas, que je tenais le coup,
que je m’accrochais en l’espoir de lendemains meilleurs.
Ces Etres me donnaient une leçon de vie, je n’avais pas le droit de me laisser aller
alors qu’ils faisaient preuve d’un courage de tous les instants …
37
Mon bras droit me posait problème car la position verticale, malgré l’épaulière, me
faisait terriblement souffrir, aussi eus-je l’idée de coincer ma dextre dans un sac
banane contre mon ventre.
Non seulement il ne m’était d’aucune utilité, ce bras, mais il était douloureux et
raide… je trouvais inesthétiques cette main et cet avant-bras tétanisés dès que je me
mettais debout ou que je faisais le moindre effort …
Carlo était parti, nous avions passé ensemble des moments inoubliables ; j’ai gardé
une photo de moi prise alors que j’étais sur les toilettes… toujours d'attaque pour
un coup pendable.
On avait trouvé une plaque de mousse en forme de pierre tombale sur laquelle nous
avions dessiné une croix et écrit une épitaphe : le tout avait atterri sur le lit d’une
patiente !
Tout était sujet à plaisanterie !
A son contact j’ai repris goût à la vie.
J’appréciais de pouvoir aller aux toilettes seul ; ce n’était pas facile, le transfert du
fauteuil étant délicat.
Je prenais également ma douche sans aide, petit à petit j’acquerrais plus
d’autonomie, mais que c’était long, terriblement long !
J’étais depuis 5 mois à l’hôpital Renée Sabran et j’avais pu faire mes premiers pas.
C’était bien la calcification osseuse du genou qui empêchait le quadriceps de
récupérer.
Je tuais le temps du mieux que je pouvais, je ne compte plus les heures et les
heures passées à jouer sur l’échiquier électronique en l’absence de partenaires.
Je recommençais à lire, des romans, je faisais de nombreux mots croisés.
Et cette solitude pesante… j’aurais tant aimé avoir quelqu’une avec qui partager
mes émotions, mon affection débordante.
J’avais envie de faire l’amour, ça m’obsédait !
Je marchais difficilement à l’aide d’une canne et nous faisions quelques sorties.
On m’avait fabriqué une attelle mollet-plante qui me meurtrissait d’autant plus le
pied que ma jambe droite était plus sensible.
38
Mes rapports avec Yves, plutôt tendus les premiers mois, devinrent amicaux.
Sous des dehors bourrus c’était un tendre.
On me donna une date !
Une date de sortie définitive, la (bé)Quille quoi …
Les médecins jugeaient qu’il me fallait reprendre pied dans la société après un an et
demi d’hospitalisation.
Ma sortie avait été prévue pour la première semaine de juin …
En principe ! ! !
Quand on aime on compte pas.
Ça s’en va et ça revient….
Quinze jours avant ma sortie programmée je fis une visite à mes parents.
C’était le dimanche 26 mai 1996 et nous revenions du restaurant ; je trébuchai sur
le trottoir, juste en bas de chez eux et m’affalai lourdement dans l’angle, de toute
ma hauteur (190 cm au garrot !).
Je ressentis aussitôt une violente douleur à la hanche, j’avais également heurté le
sol avec la tête.
Les pompiers arrivèrent rapidement et je fus transporté à l’hôpital St Roch.
Ils durent découper mon jean tant la douleur était vive, il ne faisait aucun doute que
je m’étais fracturé quelque chose …
Attente interminable, une nuit entière de souffrance et aux premières heures de
l’aube on m’opéra enfin.
Le chirurgien m’avait posé une plaque et un clou, c’était bien le col du fémur : j’en
aurais au minimum pour trois mois.
J’étais anéanti, décidément je n’en verrais pas la fin, à croire que j’avais le mauvais
OEil !
(Reconnaissez qu’à coté, l’Ulysse et son Cyclope monoculaire font pâle figure !)
Au bout d’une semaine on me transférait à Sabran.
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Je vous passe les plaisanteries du personnel soignant et des kinés…je me retrouvais
encore une fois immobilisé, échoué, dépendant pour tout.
Dans ma tête se bousculaient les pires pensées, je me persuadais qu’on m’avait jeté
un sort pour me coltiner une telle scoumoune !
Et cette maudite canne qui s’était dérobée et comme un fait exprès, personne à mes
côtés pour me soutenir et pourquoi l’angle du trottoir ? ? ?
Mes os décalcifiés n’avaient pas résisté au choc.
Ma bonne humeur reprit rapidement ses droits, après tout je devenais fataliste : ma
jambe serait immobilisée pendant deux mois.
Je déambulais à nouveau dans mon fauteuil, j’avais mal mais ça ne faisait rien, il
me fallait absolument voir du monde… je n’étais plus seul en chambre, j’avais pris
mes petites habitudes et la promiscuité m’insupportait de plus en plus.
J’avais rencontré Mélodine, nouvellement arrivée au K 3.
Elle s’était fracturé le bassin lors d’une chute de cheval et était en fauteuil roulant
comme moi.
Bientôt je passai de longues heures en sa compagnie, surtout le soir où nous allions
jouer au tarot avec d’autres patients jusque tard dans la nuit.
J’allais en piscine avec appui partiel (un comble pour un déjà hémiplégique !) et
c’était tout un cinéma pour les transferts, le déshabillage et ce bras raide que je ne
pouvais plus voir en peinture… je l’aurais volontiers coupé !
Ainsi les semaines passèrent, Mélodine était partie non sans m’avoir promis de me
rendre visite.
Je n’allais plus aux séances d’orthophonie, je m’étais accroché avec Delphine et
puis j’en avais assez de devoir répéter les mêmes exercices, faire les mêmes
grimaces.
D’autant plus que j’avais considérablement récupéré, le seul problème étant
d’arriver à contrôler mes émotions, à maîtriser ma respiration.
J’allais au devant des autres beaucoup plus volontiers, j’apprenais à surmonter mon
handicap.
Je m’étais cassé le col du fémur depuis deux mois et je reprenais progressivement
appui sur ma jambe.
Ces mêmes séances laborieuses avec en plus une peur panique de la canne.
J’avais tellement été échaudé !
40
Un matin, le remplaçant du docteur Boucan me dit qu’il allait m’alcooliser le nerf
du bras afin de l’assouplir !
Je passai un sale quart d’heure mais mon bras retrouva une souplesse vraiment
tangible.
J’étais heureux de ne plus voir ma main et mon poignet se raidir dés que j’étais en
appui ou que je fournissais le plus petit effort !
En revanche je ne savais pas que l’alcool provoque des douleurs lancinantes et
pendant trois semaines je fus au supplice n’arrivant pas à trouver le sommeil.
Carlo m’avait rendu visite, il s’était inscrit dans un club d’aèro-modélisme et
m’avait précisé qu’à cause de sa main défaillante il lui fallait de nombreux modèles
réduits.
Mélodine était passée me voir.
J’eus l’idée de porter mes lentilles de contact jetables à la semaine.
(Dites : Ce n’est pas le pied de se tripatouiller le globe oculaire avec une main
pleine de doigts mais je persévérais.)
Là aussi j’avais le sentiment de revivre : je voyais nettement mieux et je ne
trimballais plus ces verres épais qui m’ont toujours complexé.
Je fis la connaissance de Stéphanie, une aide soignante stagiaire qui était très jolie
et nous nous liâmes d’amitié.
Ainsi je ne vis pas passer les mois, nous étions déjà en septembre et ma sortie était
programmée pour le 15.
Peu de temps avant j’avais fait la connaissance de Françoise, nous devions partir
le même jour ; la veille on décida de prendre un verre au port d’Hyères après dîner.
Françoise était une ravissante blonde chef d’escale à air France.
La soirée fut magique et après être rentrés en taxi nous assistâmes à une éclipse de
lune, spectacle splendide en magnifique compagnie !
C’est à contre coeur que je pris congé d’elle …
Je passai la mâtinée à faire mes derniers préparatifs de départ et en début d’après
midi une ambulance vint me chercher.
Une nouvelle étape allait commencer.
Après être revenu à la Vie, avoir dû réapprendre tous les gestes du quotidien dans
un univers clos, confiné, je me retrouvais lâché parmi les loups, la meute et c’est
non sans une immense appréhension que je quittai tout ce petit monde qui avait
partagé ma vie pendant de longs mois, m’avait soutenu, soigné.
41
Je me retrouvai chez mes parents, dans la chambre de mon enfance.
Une lettre de Françoise m’y attendait qui me souhaitait un bon retour au sein de ma
famille.
J’étais surpris, troublé, cela me faisait du bien de savoir que l’on pensait à moi.
Bien vite l’atmosphère devint tendue ; mes parents décidément ne s’étaient pas
calmés avec le temps.
Mon père me trouva un studio dans l’immeuble à coté du leur et j’y emménageai au
bout de trois mois.
Malgré les séances quotidiennes de kiné et d’orthophonie il me faudrait avoir des
occupations, me trouver des centres d’intérêt.
Sans quoi je me voyais mal parti …
Je me sentais déboussolé, déphasé dans ce monde fait
pour les valides où le moindre de mes déplacements me
coûtait terriblement.
42
La Foi,
non pas en la morue mais en
l’Avenir
ça vous dit quelque chose ! ! !
43
Cinq années plus tard !
Cela m’a fait énormément de bien de me raconter.
Je ne voyais plus d’autre alternative après un court voyage à Paris, en avril 2001,
où de nombreux souvenirs avaient reflué.
Ce fut vraiment un séjour très éprouvant …
Cette sorte d’auto-thérapie m’aura permis d’y voir plus clair.
J’ai l’impression de m’être débarrassé d’un poids, d’un fardeau.
Un an a passé et je vais essayer de terminer mon récit, histoire de me défaire de
mes derniers oripeaux.
C’est l’aspect psychologique plus que le plan physiologique qu’il m’a fallu
appréhender car même si je n’ai cessé de progresser, chaque fois à doses
"infinitésiminuscules", je n’ai eu d’autre alternative que de faire le deuil de ce que
j’étais avant mon accident.
Etre et avoir été, telle est la gageure qu’il m’a fallu affronter.
J’ai dû faire table rase du passé ; j’avais bien conscience que la nostalgie ne
m’aiderait pas à faire avancer la machine.
Me reconstruire, voilà la tâche à laquelle j’ai dû m’atteler.
Une reconstruction de longue haleine comme toutes les épreuves que j’avais
endurées jusqu’alors.
Une fois encore j’étais devant le fait accompli et je n’avais d’autre choix que
d’aller de l’avant.
Je me suis plus d’une fois posé la question de savoir si cela valait la peine de
continuer et dans ces moments de désespoir j’ai toujours trouvé une raison de ne
pas abandonner.
Même dans les pires périodes je me convainquais que je n’avais pas accompli tout
ce chemin pour laisser tomber de la sorte.
44
J’avais appris le suicide de deux personnes de mon entourage.
Lors d’un coup de téléphone à Carlo à l’occasion de la nouvelle année, il y a de
cela 6 ans, sa femme m’annonça, à mon immense stupeur, qu’il avait mis fin à ses
jours ; lors de nos conversations il m’avait confié sa souffrance de ne plus pouvoir
avoir de relations sexuelles, lui qui avait eu une vie intense.
C’est d’ailleurs suite à une tentative de suicide qu’il s’était retrouvé hospitalisé
avec moi.
Sa disparition m’a profondément affecté, c’était vraiment un ami, un père, il m’a
fait reprendre goût à la vie et je garderai à jamais le souvenir de nos folles parties
de rigolade.
J’appris également le suicide de Laurence, une patiente de l’Archet ; elle avait été
opérée comme moi d’un angiome à la différence près qu’elle avait anticipé
l’accident vasculaire.
Elle s’était tout de même retrouvée hémiplégique avec des difficultés d’élocution.
J’ai le souvenir d’un être très courageux avec beaucoup de volonté.
Elle avait une petite fille en bas âge et son mari l’avait quittée.
Tous ces évènements m’ont fait me poser de nombreuses questions d’ordre
métaphysique et même si je n’ai pas trouvé de réponse, cela m’a permis d’y voir
plus clair et surtout d’appréhender la mort.
J’ai fait mon examen de conscience, je suis en phase avec moi même ce qui me
permet de regarder la grande faucheuse droit dans les yeux, histoire de lui dire
qu’elle ne me fait pas peur.
En revanche si cette dernière voulait se manifester le plus tard possible je lui en
serais infiniment reconnaissant.
D’ailleurs j’avais bien fait rire ma médecin en lui demandant quelles étaient les
démarches administratives à entreprendre pour un don d’organe tout en lui
précisant de prendre son temps car je n’étais pas pressé d’avoir la réponse !
C’est vrai qu’on y tient à ses organes, on s’y attache et puis à tout bien réfléchir,
j’aimerais connaître le récipiendaire de mes bijoux de familles …
Mais enfin, plutôt que d’engraisser vers et autres réjouissantes bestioles, autant
donner une chance à son prochain !
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N’est-ce pas faire preuve de masochisme que de s’accrocher à tout prix à cette
chipie de vie alors que nous sommes de passage sur cette foutue planète pour en
baver !
Certes, si vous êtes riche, beau et en bonne santé, ça passera mieux mais qu’est-ce
qu’on déguste malgré tout !
Alors je vois la Mort comme une délivrance, à tout le moins est-ce l’image que je
veux m’en donner.
Quand je lis que depuis la nuit des temps l’humanité s’est entredéchirée pour des
croyances, des dogmes, des reliques, des fadaises, je n’ai plus foi en l’être humain.
Ce gros égoïste avide de pouvoir capable de faire sienne cette devise : rien n’est
vrai tout est possible …
S’il fallait que je croie en quelque chose ce serait assurément en ma bonne étoile
ou à mon destin.
A ce sujet je suis heureux d’avoir pris la décision de ne pas me faire emboliser car
à n’en pas douter je n’aurais pas supporté les séquelles post-opératoires, je me
serais toujours demandé ce qu’aurait été ma destinée sans l’opération car malgré la
gravité de la pathologie on garde le secret espoir que ça ne peut pas arriver, ou pas
maintenant !
Intervenir ne pas intervenir ?
Etre ne pas naître ?
Heureux les simples d’esprit …
Oui, ma petite étoile, car je puis affirmer revenir du diable Vauvert !
Je n’aurai pas vu de créatures enchanteresses, ni navigué dans des tunnels éclairés
à l’hallucinogène mais j’ai conscience d’avoir titillé le point de non-retour et je
dois une fière chandelle au professeur Grellier sans qui je ne serais pas ici à
tartiner ma bafouille.
C’est à cause de cette petite étoile que je n’ai jamais perdu espoir.
Et puis j’avais eu le temps de me préparer pour le grand jour, de faire ma provision
de sens, sorte de viatique en vue de la disette imminente.
Cette vie débridée menée durant les dernières années aura atténué le choc; de toute
manière, je ne pouvais continuer à errer sans but avec ce spectre me condamnant à
l’immédiateté … aucun projet possible !
Cette rencontre hémorragique sera tombée à point nommé !
J’ai pris cet avatar avec philosophie et passé le choc et le retour à la vie j’ai appris
à relativiser, à faire la part des choses pour finalement en extraire une théorie :
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La théorie de la Relativi(té)sation !
Celle grâce à laquelle j’essaie de garder le moral contre vents et tsunamis, celle qui
me fait avancer, mon Prozac !
Ouvrez-vous aux autres, ne vous appesantissez pas sur
votre sort et si tel est le cas, allez constater pire, pour
réaliser que vous n’êtes pas seul dans la panade !
Et ça marche …
Mais faire table rase du passé n’implique pas oublier, tirer un trait sur la vie d’avant
et c’est là le grand dilemme qui s’est imposé à moi.
(Dîtes, essayez de contrôler vos pensées, vos rêves, j’aime autant vous dire qu’il
faut se lever de bonne heure … Heureux les insomniaques !)
Il n’est pas donné à tout le monde d’avoir deux vies en une…
C’est un fait : je ne peux occulter mon ancienne existence.
J’ai bien envisagé une lobotomie mais c’eût été exagéré d’autant que ce cher
professeur Grellier y avait été franco dans sa découpe.
Je me suis donc fait une raison de ces flashs “ revenez-y que ” qui me titillaient
parfois. Avec le temps on s’y fait, au même titre que l’on oublie ses souffrances
passées pour ne garder que les bons souvenirs…
Cela avait des cotés agréables mais envahissants !!! (Vous aurez remarqué que je
parle au passé, comme quoi la Foi en un Avenir meilleur …)
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L’adaptation
C’est fou la faculté d’adaptation que possède notre organisme, notre psychisme.
Bien souvent nous l’ignorons, nous n’en avons pas conscience.
Nous sommes des mutants en puissance.
Cette épreuve fut pour moi l’occasion de revenir à de vraies valeurs.
Cela m’aura forgé un caractère, m’aura appris à être fataliste.
Il faut dire que j’avais de l’entraînement : depuis l’adolescence j’étais rôdé à
l’attente de crises d’épilepsie plus ou moins fortes…
Et puis « dans ma vie d’avant » j’avais un cruel manque, ce sentiment de passer à
coté de l’essentiel : LA PROFONDEUR.
Oui, rétrospectivement je me rends compte que je me leurrais, allant toujours au
plus facile par instinct de préservation sans doute !
Encore une fois la relativisation :
Je n’ai plus le spectre des crises, je ne prends plus ce traitement contraignant sans
lequel j’ai les idées plus claires.
CHOUETTE AMBIVALENCE :
Ce que je perds d’un coté, je le regagne en qualité de vie de l’autre.
Telle est ma démarche analytique.
Je suis d’avis que ça ne peut être tout noir ou tout blanc et
dans mon cas précis j’essaie de le démontrer.
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LIRE
Je lisais peu du temps de ma splendeur !
Je me rends compte que j’ai failli passer à coté d’un grand plaisir, je dirais d’un
plaisir essentiel !
Quoi de plus savoureux que d’être plongé dans un roman qui vous absorbe et vous
entraîne si bien que vous n’avez d’autre désir que d’en connaître le dénouement.
Lire pour apprendre, lire pour s’évader, lire pour comprendre le monde qui nous
entoure …
Quand je pense qu’à mon réveil du coma j’étais à peine capable de fixer mon
attention, je suis sidéré par ma progression, par mon évolution intellectuelle.
Il y a de quoi en avoir le vertige …
Et je réalise que malgré une année de fac après le Bac, j’étais ignare dans bien des
domaines.
Quand je constate l’état de notre société, je me satisfais du sens que j’ai donné à ma
vie.
Nous marchons vraiment sur la tête.
Que veut dire ce monde globalisé, cet argent roi, le cynisme de ces dirigeants de
multinationales délocalisant dans le seul but d’un profit croissant pour satisfaire
leurs actionnaires.
Un monde de libellules qui risque de s’auto-ingérer !
Nous évoluons dans un monde aveugle, sans repères.
La porte ouverte aux fanatismes de tous poils !
Je me fais du souci pour les générations futures et surtout pour mon Romain.
Je garderai toujours gravé dans ma mémoire le souvenir de ce petit homme allongé
tout contre moi à l’hôpital Pasteur, c’est en grande partie pour Lui que je me suis
accroché.
Souvent je pense, je pense au merveilleux de la création.
Cette alchimie qui s’opère pour aboutir à des êtres si parfaits.
Quoi de plus beau qu’un bébé, je m’extasierai toujours devant ces anges à l’esprit
vierge de toute pensée malfaisante.
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Et l’amour dans tout ça !
(Mais pourquoi tant de haine …)
Six mois après ma sortie définitive de l’hôpital j’ai fait la connaissance de Marie
qui m’a fait reprendre goût à la vie.
Cette relation a duré 6 mois et j’ai eu du mal à m’en remettre.
Moi qui croyais ne plus pouvoir aimer, j’avais tout faux.
Il y a trois ans j’avais rencontré Martine, un être éblouissant, cavalière émérite.
Cette relation passionnelle d’un an et demi aura été tumultueuse à la fin surtout
mais j’en serais ressorti grandi avec cette sensation d’avoir franchi encore un cap

J'ai vécu une très belle histoire avec Véronique
nous avons partagé le quotidien pendant un an et je dois dire que ça n’aura été que
du bonheur, de la douceur et tout plein de tendresse …
Et puis Isabelle une merveilleuse artiste peintre …
Ça m’est si essentiel d’aimer !
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Pour être bien dans sa tête il faut être passionné, avoir une
activité qui vous prenne l’esprit :
LA MAGIE DU JEU D’ECHECS.
Eloge du noble Jeu qui aura contribué
à ma renaissance !
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Si tu as le vice, sache que je prendrai le "tourne vice" pour te Mater !
En la mémoire de Pierre Casa avec qui j’ai vécu d’intenses moments échiquéens.
Lettre au professeur Grellier neuro-chirurgien à l'hôpital Pasteur de Nice
(juin 2004).
"Il est 4 heures du matin ce lundi "de pentecôte" et je me suis réveillé avec le fou
rire.
Je venais de rêver de Vous et vous étiez en train de me refaire "les conduits, la
tuyauterie".
Je participe à un tournoi d'échecs et j'ai battu l'ancienne championne d'Argentine.
Après la partie elle m'a dit qu'elle n'avait pas vu venir le mat !
Il faut dire que j'étais dans la panade avec une pièce et deux pions de retard, alors
j'ai tenté le tout pour le tout, l'attaque à tout va...
À une époque où Dieu tient le haut de l'affiche, permettez que je rende hommage à
mon re-Créateur, sans qui je ne serais pas là en train d'écrire cette bafouille
nocturne !"
Le 14 février 1995 j'ai été victime d'une hémorragie cérébrale.
Je faisais des crises d'épilepsie depuis l'adolescence et j'avais passé une
I R M 5 années plus tôt ; les médecins avaient diagnostiqué une volumineuse
malformation artérioveineuse.
Après une période de coma plus ou moins profond, diverses complications et une
opération je me suis retrouvé totalement paralysé et aphasique.
J'ai fait deux ans de centre de rééducation dont plus d'un sans savoir si un jour je
remarcherais.
J'ai écrit mon histoire, “ À l'issue de mon plein gré, ou comment j'ai influé sur le
destin qui semblait s'acharner à mon encontre ”, il y a un an, où je raconte mon lent
retour à la vie avec ce corps différent qu'il a fallu apprivoiser, mon dur
réapprentissage de tous les gestes de la vie courante (je ne peux me servir de mon
bras droit, j'étais droitier dans ma vie antérieure et malàgauche comble de
malchance !).
Mon combat quotidien, notamment pour surmonter mon handicap de la parole en
me forçant à aller au contact des autres.
Aujourd'hui j'ai récupéré au delà des espérances médicales.
J'ai voulu prouver qu'après un accident de la vie celle-ci ne s'arrêtait pas, bien au
contraire, que l'on pouvait en profiter pour rebondir (pas trop fort quand même !) et
lui trouver enfin une vraie saveur.
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Cette aventure humaine m'aura permis d'appréhender l'existence différemment, de
ne plus m'embarrasser du superflu pour n'aller qu'à l’essentiel.
Ma foi en l'avenir ne m'aura jamais quitté et rétrospectivement je peux dire que ça
valait la peine de se battre.
Ouvrez-vous aux autres et apprenez à relativiser tels sont mes maîtres mots, sans
compter l'humour et l'autodérision.
C’est un peu abrupt comme introduction mais je pense qu’il était nécessaire de
vous restituer le contexte et la particularité de votre interlocuteur car il faut le
reconnaître : je vous mets au défi de trouver des scalpés du bulbe rachidien
amputés d’un bout de matière grise pousseurs de bois !
Le Jeu d’échecs aura contribué à ma renaissance !
Car il faut le crier haut et fort :
Ce Jeu, cette activité de l’esprit, ce sport maintenant, est tout simplement
MAGIQUE et j’y puise un équilibre, un bien être et une joie incommensurables !
J’ai toujours été passionné par ce jeu et c’est un professeur de mathématiques
de 6 ème qui m’a initié !
À l’époque les échecs ne connaissaient pas la médiatisation ni l’engouement actuels
et les partenaires ne couraient pas les rues.
Les gens ont trop en tête l’image galvaudée d’une activité réservée à une élite ; il
suffit d’entendre la première réaction à la réponse :
“ Oui je joue aux échecs ”
Qui est bien souvent : “ c’est un jeu d’ intellos ! ”
Non mes braves Dames et Messieurs, détrompez-vous !
Je parlerais plutôt d’une activité qui fait appel à la logique, à l’esprit cartésien et au
sens tactique !
Durant toute la première partie de ma vie jusqu’à mon hémorragie cérébrale
survenue à l’âge de 29 ans, je n’ai joué qu’en dilettante, juste pour le plaisir de
manipuler les pièces à mille lieues des arcanes et autres subtilités des clubs
d’échecs !
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Car pour les non initiés il faudrait plutôt parler d’une confrérie !
La confrérie des Pousseurs de Bois : avec sa propre Régle, ses us et ses
"costumes", ses points d’exclamation et ses double croix, ses “ j’adoube ”, ses
gambits et autres prises en passant …
Ses ouvertures à n’en plus finir, ses milieux de parties et ses finales quand la
tempête a fait rage sur l’échiquier et qu’il ne reste plus que le Roi exsangue avec
pour seule protection quelques pions se battant en duel.
C’est cela la magie du jeu d’échecs !
Et plus vous progressez, plus vous gagnez en compréhension du jeu, plus vous
tirez plaisir, satisfaction à terrasser votre adversaire.
Il faut le dire, c’est un affrontement impitoyable, on joue pour gagner.
L’on doit mettre l’adversaire hors d’état de nuire par tous les moyens - pas de
quartier - et le plus rapidement possible car le temps est compté !
Eh oui, comme s’il ne suffisait pas de gérer les forces en présence, il faut encore se
soucier de la pendule car au jeu d’échecs le temps est compté et sitôt celui-ci écoulé
vous êtes KAPUT, même si la seconde d’après vous auriez pu mettre votre
adversaire KO!
La cruauté poussée à son paroxysme …
Durant mon hospitalisation, qui a duré presque deux ans, j’ai passé des heures et
des heures à jouer quotidiennement sur mon échiquier électronique acheté à Paris 5
ans plus tôt !
J’ai la chance de vivre à l’époque de l’avènement de l’informatique, sinon je
n’aurais certainement pas eu l’occasion de pratiquer ce jeu, rares étant les patients
sachant jouer !
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Cela m’aura permis de solliciter mes méninges soumises à rude épreuve, faut-il
vous le rappeler, et surtout de combattre l’ennui, la monotonie par la pratique
assidue d’une activité vraiment passionnante !
Depuis quelques années il semblerait que les écoles proposent à notre jeunesse
une initiation au jeu.
Cette activité structure l’esprit, fait appel au sens logique, développe l’aptitude à la
réflexion et pour résumer nous épanouit pleinement.
Ah, si les hommes jouaient un peu plus aux échecs !
À n’en pas douter il y aurait moins de conflits de par le monde !
Dire que dans les pays de l’ex bloc Soviétique le jeu d’échecs est une institution.
À ma sortie définitive de l’hôpital en septembre 1997 je me suis mis à la recherche
d’un club proche de mon domicile.
Mais au fait, que je vous narre un peu les circonstances de mon accident vasculaire
cérébral.
Il était aux entournures de minuit et devinez un peu d’où je revenais ?
Je vous le donne dans l’Émile !
J’étais allé m’inscrire au club d’échecs d’Antibes 3 heures plus tôt et voilà t’il pas
que deux ans plus tard je franchis la porte de celui de Cagnes sur mer !
Ironie du sort, signe du destin
ou alors est-ce mon Karma qui me lie inextricablement à ce Jeu !
C’est un petit club d’une quarantaine de membres qui me firent un accueil
chaleureux.
À l’époque je marchotais à peine, et j’avais un clou dans le col du fémur suite à
une fracture survenue 4 mois plus tôt ; cette ferraille me faisait atrocement souffrir.
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Fallait-il être un peu maso ou alors follement passionné !
Je redescendis bien vite de mon piédestal.
Car c’est une chose que d’accrocher un modeste échiquier électronique
et de mettre des raclées à des joueurs profanes, en revanche allez faire un tour dans
un club d’échecs et vous comprendrez votre douleur !
Vingtdioux ce fut un choc !
J’entendais parler de termes techniques inconnus du commun des mortels, je les
voyais appuyer frénétiquement sur des espèces de réveils matin bicéphales …
J’étais fasciné à la vue des pièces déplacées à toute vitesse, et avec une dextérité
inouïe.
À ce sujet, si vous avez l’occasion d’aller voir des champions lors de tournois en
parties rapides, c’est un spectacle extraordinaire, à couper le souffle !
Vous pouvez aussi les suivre sur internet en temps réel mais sans la gestuelle
vraiment impressionnante !
Je dois dire que je fus abasourdi et quelque peu décontenancé ; j’entrevoyais à
peine le long apprentissage qu’il me faudrait suivre pour avoir une toute petite
compréhension du jeu.
Rien qu’une toute petite maîtrise !
Dites, Paris et Lutécia ne se sont pas faites en un jour et il m’en fallait certainement
plus pour me décourager d’autant que la majorité des joueurs sont des passionnés et
que le virus a tôt fait de se propager !
Je me déplaçais avec beaucoup de difficultés à l’époque et j’avais encore du mal à
me faire comprendre, la fatigue accentuant mes difficultés d’élocution.
Il n’empêche que pour rien au monde je n’aurais manqué les deux après midi du
club, le mercredi et le samedi.
J’avais fait l’acquisition d’un ordinateur et bien vite j’achetai un logiciel d’échecs.
Ainsi débuta mon apprentissage !
Un peu de théorie, beaucoup de pratique et des milliers et des milliers de mauvais
coups !
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Mais j’étais motivé et ce jeu à ceci de fascinant que quel que soit votre niveau vous
prendrez plaisir à jouer, à manipuler les pièces… ce contact charnel avec les pièces
de bois, envoûtant que je vous dis !
Et puis l’on n’a pas le temps de s’ennuyer en Club.
Déjà le tournoi de Cagnes-sur-Mer d’octobre démarrait, échelonné sur 7 samedi.
On appelle “Rondes” les parties dans notre jargon !
Je me familiarisai rapidement avec le maniement de la pendule mise à la gauche du
joueur qui a les blancs !
Bien entendu, ne pouvant me servir de mon bras droit, les joueurs ne me firent
aucun problème quand je leur demandai d’intervertir la place de l’horloge à deux
têtes !
J’étais dans le bain, immergé jusqu’au cou et mes premières parties furent pour le
moins expéditives, quand ça ne tournait pas au carnage, à la boucherie !
Mais ça ne faisait rien, j’étais bien décidé à apprendre, à persévérer et puis c’est
dans la défaite que l’on tire les leçons pour les victoires futures.
J’eus droit à un classement élo, du nom de son inventeur.
Il va de 1000 élo à 2900 pour les très grands champions.
Tous les ans, après de savants calculs entre les parties gagnées 1 points, les parties
nulles ½ et les défaites 0, l’on secoue bien fort et le nouvel élo est arrivé, un peu
comme le Beaujolais !
Depuis quelques temps on a droit à un classement 3 fois dans l’année !
Tous les nouveaux affiliés à la Fédération Française d’Échecs (FFE) se voient
attribuer 1499 élo.
Pourquoi pas 1000 ou 1500 lui répond-t-il en écholalie l’élo ?
Je n’en sais fichtre rien …
Actuellement je flirte avec les 2000 élo !
L’échiquier se compose de 64 cases avec un marquage en bordure, 8 lettres en
abscisse de “a” à “h” et 8 chiffres de “1” à “8” en ordonnée.
Durant les tournois il faut noter les coups, de cette manière l’on peut rejouer les
parties ; vous avez tous joué à la bataille navale, eh bien c’est le même principe sur
l’échiquier !
J’étais malheureusement droitier dans ma vie antérieure et malàgauche de surcroît :
je fus exempté de notation !
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Dites, ne croyez-vous pas que j’étais suffisamment absorbé par la récupération de
mes fonctions essentielles pour que je doive encore me soucier d’apprendre la
calligraphie !
Et puis, vu mes difficultés à me mouvoir, je n’avais d’autre choix que de rester
assis à ma table avec ce satané clou dans le fémur qui me faisait de plus en plus
souffrir au fil des heures !
La concentration extrême, bien souvent pour jouer un mauvais coup, ne pas oublier
d’appuyer sur la pendule, eh oui ça arrive souvent chez les joueurs débutants, et
puis ces douleurs dans le dos du fait de mon coté droit paralysé !
Vous rendez-vous compte de l’Enfer des premiers temps !
Mais la passion du jeu était la plus forte !
Je ne pouvais pas aller voir les champions en découdre entre eux ; je me fis une
raison et pendant que les autres joueurs, une fois leur partie terminée, allaient
observer tout à loisir les différentes phases de jeu des cadors, je restais dans mon
coin et je pris l’habitude de lire en attendant que l’on vienne me chercher avant de
m’écrouler d’épuisement sur mon canapé.
En plus des nombreuses heures passées devant mon ordinateur à me battre contre le
logiciel, je fis l’acquisition d’ouvrages de théorie, lecture pour le moins
rébarbative !
Mais si l’ordinateur se révèle un compagnon de jeu indéfectible il ne remplacera
pas l’humain !
J’étais frustré de ne jouer que deux après-midi par semaine.
Je me mis en quête d’un partenaire ; un jour, ma mère qui jouait au bridge me dit
qu’un membre de son club était tout disposé à venir le jeudi après-midi jouer avec
moi.
Monsieur Rost, professeur d’allemand à la retraite vint donc.
J’ai fait d’énormes progrès à son contact, c’est un très bon joueur et je me rappelle
qu’au début il venait avec des livres de théorie en allemand pour que nous étudiions
les débuts de partie, apprentissage essentiel dont dépend le déroulement de la
partie !
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Il y a des centaines de débuts, aussi les joueurs doivent-ils en connaître quelques
uns sur le bout des doigts en fonction de leurs préférences, de leur sensibilité
naturelle !
Que je vous explique :
Nous avons notre propre tempérament.
Nous serons enclins à nous comporter dans la vie de manière plus ou moins
rationnelle ou alors totalement inconséquente.
Eh bien, sur l’échiquier c’est la même chose !
Il y en a pour tous les goûts, du joueur kamikaze à celui pratiquant une défense en
béton.
De celui aimant la complication, à l’expéditif qui va échanger ses Pièces dans le
but d’atteindre rapidement la finale de jeu !
Et les ouvertures, suivant que vous jouez le pion du Roi, de la Dame ou du Fou
(qui sont les débuts de parties les plus couramment joués, vous apporteront des
perspectives d’attaque ou de défense infinies !
Car ce jeu a ceci de magique qu’il ne peut y avoir deux parties semblables, c’est
une découverte incessante, un plaisir de tous les instants.
Vous comprenez mieux la fascination, l’attraction !
Petit à petit j’assimilais les principes de base, les grossières erreurs à ne pas
commettre, et pour résumer les commandements du joueur d’échecs !
Et puis j’étais en admiration devant certains joueurs arrivant à se remémorer des
phases entières de jeu, quand ce n’était pas la partie intégrale !
J’appris plus tard que certains grands maîtres se souviennent de toutes leurs parties
jouées, ce qui est phénoménal vous en conviendrez, car cela doit se chiffrer en
centaines de milliers, si ce n’est en millions !
Le cerveau est sans cesse sollicité, en pleine ébullition.
Je calculais, j’attaquais, je défendais, je jouais des coups d’attente si bien qu’au
bout de quelques heures j’avais la tête comme un Tchouk-Tchouk, au bord de
l’implosion !
Je conviens rétrospectivement qu’il y fallait une certaine dose de masochisme car
en plus de la cafetière mon corps était au supplice avec ses douleurs dorsales, dans
la hanche et à la cheville à cause d’une attelle inconfortable !
Mais bon relativisons, car je revenais de l’Enfer !
Un an et demi alité, avec un corps martyrisé, ça vous dit quelque chose… ?
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Ces douleurs étaient bien peu de chose comparées à ce que j’avais traversé et j’étais
trop heureux de voir du monde, de me déplacer même avec d’énormes difficultés,
trop heureux de Vivre après avoir frôlé la Mort …
L’on ne se rend pas compte de la chance que l’on a d’être sur ses deux jambes,
d’être libre de ses mouvements et je rends hommage à ceux qui souffrent dans
leurs corps, dans leurs chairs !
Vous savez, deux ans d’hospitalisation vous changent un homme !
C’est une leçon de vie et l’on ne ressort pas indemne d’une telle aventure ; j’ai
rencontré des êtres extraordinaires au regard desquels mes souffrances étaient bien
peu de choses !
Tous les joueurs d’échecs sont des passionnés !
Il vaut mieux remarquez, car certaines parties de tournois peuvent durer jusqu’à 6
heures !
J’ai pu les observer tout à loisir durant les compétitions du fait de mon état
statique.
D’ailleurs je proposerais d’instituer une nouvelle discipline comportementale :
L’échiquéologie avec en corollaire l’échiquéothérapie !
Je vous ai parlé plus avant de la personnalité du joueur d’échecs que l’on peut
décrypter en fonction de son style de jeu !
Je dirais aussi que le joueur est superstitieux dans la grande majorité des cas et de
mauvaise foi car il a toujours une bonne excuse pour expliquer sa défaite !
Il y a toute une stratégie d’intimidation bien souvent avant la partie ; il n’est qu’à
lire les récits paroxystiques de certains championnats du monde où l’on frise la
pathologie, la paranoïa ; à noter que quelques champions ont sombré dans la
folie !
Et puis les codes à respecter durant le déroulement de la partie avec le plus
contraignant pour les débutants : La règle du “pièce touchée = pièce jouée”
En effet, si vous avez le malheur de toucher une pièce, même involontairement,
vous serez obligé de la jouer ! (j’aime autant vous dire que quand vous vous y êtes
fait prendre eh bien , vous réfléchissez à deux fois avant d’effleurer une pièce !) ;
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ou alors il faut avoir la présence d’esprit de dire le mot magique, le sésame :
J’adoube
Chevaleresque n’est-ce pas donc !
On emploie ce terme le plus souvent pour recentrer une pièce sur sa case en début
de partie.
Eh bien me direz-vous quel tableau, ce ne sont que vices et tournevices !
C’est avant tout une ambiance, une atmosphère, des êtres tout à leur passion et bien
souvent, rien qu’à leur passion …
On en oublierait de manger, de dormir et ce rien que pour un supplément de Partie,
d’Analyse …
Les premières années, quand je participais à un tournoi d’échecs se déroulant sur 5
jours avec en tout 7 rondes, je n’arrivais pas à trouver le sommeil tant mon cerveau
était assailli par les phases de jeu !
Le PLAN, la planification qu’est-ce donc ?
Tous les manuels d’échecs vous parleront de Plan, il faut prévoir une stratégie,
élaborer une tactique !
Mais quand vous pensez que votre antagoniste lui aussi fait un Plan
« Quinquennal » avec de la technico-tactique encore plus élaborée, vous aurez
toutes les chances de rester en Plan de votre joli Plan !
Et puis ces ouvrages abscons, bien souvent écrits en anglais, non décidément, je
n’avais pas envie de me farcir la tête avec de la théorie.
Mon parti était pris, j’aurais une approche empirique, voire iconoclaste :
dernièrement j’ai mis en pratique le gambit Taliban !
(4 pions sacrifiés et un cavalier pour la victoire à la clé : c’était lors du tournoi de
Cagnes sur Mer 2005) !
Je reconnais avec humilité que la méthode est sujette à caution mais j’étais têtu
comme un bourricot.
Alors je tâtonnais, je me plantais encore et encore jusqu’à ce que je trouve la
solution, le meilleur coup par moi-même !
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Mais comme je le faisais remarquer en début de texte, c’est surtout le fait de ne
pouvoir me déplacer pour assister aux parties des champions, les premiers temps du
moins, qui m’aura obligé à composer avec les moyens du bord !
SUPERSTITION
Je disais que le joueur est superstitieux !
Il n’est que de constater les champions et leurs manies quand ce ne sont pas des tics
et des tacs !
(Vous souvenez-vous des souris du regretté Garcimore : Tac et TacTac ).
Une personne extérieure à notre petit monde dirait « ils sont complètement toqués
ces joueurs d’échecs » !
Mais c’est avant tout dans notre nature profonde …
L’être humain a besoin de se raccrocher à quelque chose pour oublier sa condition
nous disent nos grands penseurs, à des croyances, des fétiches que sais-je encore ?
Concédons-le, il est grisant de remporter une victoire, à plus forte raison si vous y
mettez la manière, dans ce cas c’est franchement JOUISSIF !
Voir le visage de votre adversaire se décomposer à mesure que vous développez
votre attaque, ajoutez-y le sacrifice de quelques pions et pourquoi pas le risque
calculé de se défaire d’une Pièce, torture suprême, supplice exquis.
Vous rendez-vous compte de ce que procure ce jeu millénaire, vous êtes-vous déjà
attardés à la devanture d’un magasin proposant de beaux jeux !
Comment ne pas succomber à la beauté des pièces, à cette harmonie.
Il en va de même pour les parties, je parlerais d’une Esthétique !
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D’ailleurs, à chaque fin compétition, les organisateurs de tournois remettent un prix
de beauté récompensant la plus belle partie !
La magie du Jeu tout simplement …
Superstition, Mystère et Boule de gomme !
Je parlais de superstition et par extension de croyances …
Si je vous dis que ma vie n’a été émaillée que de coups du sort, de signes du destin
et que malgré l’épée de Damoclès qui s’est abattue sur le coin de ma figure, dans
le sillon de Rolando plus exactement, (dites, ce ne serait pas la fameuse rapière
Durandal ? ) je considère avoir eu une chance vraiment énorme, voire monstrueuse
!
Comment expliquez-vous que , lors de mon hémorragie cérébrale, je sois tombé de
vélo à une cinquantaine de mètres de mon domicile alors que quelques minutes
plus tard on m’aurait retrouvé rafraîchi,( refroidi c’est quand on vous met au
congélo)… je vivais seul à l’époque !
Et toutes les complications qui ont suivi… écoutez je vous copie-colle mon compte
rendu opératoire, quelques clics valent mieux qu’un long discours parfois !
Coeurs sensibles s'abstenir …
PROTOCOLE OPERATOIRE Le 29 mars 1995
Patient de 29 ans, victime d’une perte de conscience le14février 1995.Glasgow à 5.
Un scanner montre une hémorragie rolandïque gauche avec inondation ventriculaire .
Ce patient est en fait connu, comme étant porteur d’un angiome et aucun traitement n’avait été proposé jusque là.
Il s’agit d’un volumineux Angiome de la région rolandïque gauche alimenté par les branches de la cérébrale
antérieure et de la sylvienne avec de gros drainage veineux en direction du sinus longitudinal .
L’état grave du patient va nécessiter une réanimation prolongée avec des problèmes d’encombrement et d’infection
pulmonaire .
Vers la fin février, le patient va aller mieux . Il est capable de répondre à des ordres simples sur le plan moteur,
mais il est aphasique avec une hémiplégie droite totale .
Les contrôles scanners montrent la persistance du volumineux hématome de toute la région du centre semi-ovale .
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Début mars, nouveau problème infectieux pulmonaire .
On va découvrir une infection à base de staphylocoques dorés de Candidose .
Vers le 20 mars, épisode convulsif, réagissant bien au traitement par DEPAKINE I.V .
L’état étant stabilisé, on décide d’intervenir sur le plan chirurgical pour enlever cette malformation absolument
volumineuse .
INTERVENTION
Taille d’un grand Scalp frôlant la ligne médiane, pédiculisé en bas dans la région temporale . Taille d’un volet
osseux pédiculisé en bas sur le muscle temporal .
Lors de la taille du volet osseux, la dure-mère est très adhérente à environ 2 cm en dehors de la ligne médiane .
Des veines de drainage intra-durales seront sectionnées . Il s’ensuit une hémorrragie importante . Soulèvement
rapide du volet osseux et hémostase par tamponnement au spongel des veines . Ouverture de la dure-mère, taillant
un lambeau à charnière médiale .
La malformation est d’emblée visible, en surface . On va d’abord procéder au repérage et au clipage des branches
venant de la sylvienne . Ensuite on se porte en avant et en dedans, et on va repérer les branches d’apport de la
cérébrale antérieure qui vont être clipées . Ensuite, il est possible de procéder à un abord postérieur où encore
quelques petites branches d’apport seront repérées et clipées . De cette manière, on gagne progressivement de
dehors en dedans, on peut basculer la malformation vers le haut et le dedans et cliper pas à pas les branches de
drainage vers le sinus longitudinal .
Dans la partie basse de la malformation, on va évacuer un important hématome résiduel qui a disséqué dans le
plan sagittal toute la couronne rayonnante jusqu’au niveau du toit ventriculaire .
A la fin de l’intervention, la malformation ayant été enlevée, les berges de la zone d’amputation cérébrale sont
contrôlées, vérifiées, l’hémostase est parfaite après lavage prolongé au sérum tiède . Les berges cérébrales sont
recouvertes de tampons de surgicel .
FERMETURE de la dure-mère par un surjet au Thicron . La zone de dure-mère vers la ligne médiane qui a été
ouverte, lors de la taille du volet, sera recouverte d’une lame d’aponévrose temporale pour obtenir l’étanchéité.
Suspension de la dure-mère au thicron . La zone de suture durale est recouverte d’une lame de spongel Reposition
du volet osseux qui est fixé par trois fils d’acier. Suture du muscle temporal à l’Ercédex . Fermeture du scalp en un
plan , Galéa et peau, au Flexocrin 30/100 sur drain de Redon .
(C'est écrit noir sur blanc, je suis hermétique, j'ai été étanchéifié !
Et après ça que voulez-vous que je craigne...
A part peut-être que le ciel ne me tombe sur la tête !
Si j’avais eu mon rapport "d'autopsie" avant d’écrire ma bafouille, j'y aurais
incorporé un chapitre sur mon expérience de désincarnation avec
des Sioux-(rurgiens) occupés à me Scalper tout au fond d'un tunnel !)
Les 10 ans qui ont suivis sont à l’avenant.
A croire qu’il y a tout là haut quelqu’un qui s’amuse à tirer les ficelles, en tout cas
il est drôlement bienveillant à mon égard après avoir été ô combien abominable.
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L’envie de vivre ne m’aura jamais quitté et après avoir touché le fond, non pas de
la piscine mais du tunnel (n’oubliez pas que les rencontres avec l’au delà se font
toujours dans des tunnels, à se demander si le lobby des BTP n’y serait pas pour
quelque chose), je me suis dit que je ne pouvais que remonter et je n’ai eu d’autre
choix que d’aller de l’avant, de faire table rase du passé pour me reconstruire ; une
reconstruction de longue haleine, un chantier énorme, colossal, avec les résultats
que l’on sait !
C’est vrai qu’à l’heure où je vous parle, je viens de fêter mes 10 ans, je suis
pleinement heureux, épanoui.
J’ai définitivement tourné la page et c’est une nouvelle vie qui
s’ouvre à moi empreinte de sérénité et de joies intenses !
Dites, savez-vous ce que m’a offert ma chérie pour la Saint-Valentin, parce que,
faut-il vous le rappeler, j’ai été foudroyé à en tomber raide un 14 février :
Le Petit Livre de l’Amour.
C’est Roxane, la soeur de Romain, elle vient d’avoir 8 ans et c’est la plus jolie, la
plus douce et la plus sensible des petites filles.
Ils m’apportent bien du bonheur ces enfants !
A l’heure actuelle, je suis en pleine progression de ma jambe et de ma cheville,
Lucien mon kiné n’en revient pas et ce 10 ans après mon hémorragie alors que tous
les médecins s’accordaient à dire que passé deux ans les chances de récupération
étaient quasi-nulles.
Cela va faire deux mois que je récupère de façon exponentielle, c’est fantastique ce
qui m’arrive !
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LE CERVEAU !
Il a ses raisons que la raison ignore …
Comment expliquez-vous qu’avec une zone de la cervelle amputée je me sente plus
vif, plus intelligent, plus “ culturé ” qu’avant mon accident vasculaire cérébral …
Incroyable mais vrai !
Le cerveau renferme des trésors insoupçonnés, et nous n’en avons pas toujours
conscience.
Quand je pense qu’il m’aura fallu une année entière pour recouvrer la totalité de
mes esprits ! Il faut dire que ce cher Professeur Grellier n’y a pas été de main
morte ! Dernièrement, j’ai demandé mon compte rendu opératoire et à la lecture de
celui-ci, de ce massacre à la tronçonneuse, j’ai eu envie de brûler un cierge en
l’honneur de mon sauveur !
Mais si on ne le sollicite pas ce flémard de cerveau, il ne va pas venir vous
chercher !
Alors vu que j’avais un compte à régler avec lui, pas un compte en Suisse, non, un
vrai contentieux de 15 ans, une vieille cicatrice, je lui ai octroyé une pause le
temps qu’il se remette de ses émotions interventionnelles, deux petites années à la
louche !
(Dites, vous croyez pas que j’allais rester sans rien faire, le bras ballant !)
La vengeance est un plat qui se mange froid.
Vous rendez-vous compte, presque quatre mois déconnecté de toute actualité, j’ai
loupé une campagne présidentielle et un tas d’événements sportifs de la plus haute
importance !)
Non c’était décidé, j’allais lui en faire voir du Bicolore à mon cerveau, avec la
pratique du jeu d’échecs il allait être servi, quelle aubaine, moi qui voulais
progresser !
Les premières années je me suis imposé une rigoureuse discipline intellectuelle :
lecture, presse quotidienne, revues, je lisais jusqu’à quatre romans dans le mois, je
m’attaquais à toutes les grilles de mots croisés, j’avais sans cesse le nez plongé
dans les dictionnaires.
Ce fut dur au début, mais progressivement j’ai amélioré ma capacité de
concentration, d’attention, mes réflexes de pensée !
Le cerveau n’est rien d’autre qu’un gros muscle et au même titre que les champions
astreignent leur corps à un entraînement intensif, j’ai fait subir à ma caboche un
régime spartiate !
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Et bien m’en aura pris car si cela coûte un peu les premiers temps, on en tire
rapidement une satisfaction intense et ce qui était une contrainte se transforme à la
longue en une satisfaction personnelle, un bien être, le chemin vers la Sérénité !
AUTOMATISMES !
Finalement la vie n’est qu’un éternel recommencement.
Il en va de même pour la pratique du jeu d’échecs.
A force de jouer, une fois acquis tous les paramètres de base, les fondamentaux,
l’on rencontrera des phases de jeu familières pour un effort de réflexion minimum,
ce qui permettra de se consacrer à l’élaboration de stratégies plus fines et plus
approfondies.
Je dis que je joue instinctivement, au Pif même quand j’ai le "rhube" et pendant que
je les vois faire d’intenses efforts de concentration, certainement pour se
remémorer ce qu’aurait joué tel illustrissime, dans telle ou telle situation, les
coups me viennent naturellement ou presque !
Je force le trait vous l’aurez compris, mais c’est pour mieux vous faire comprendre
mon approche du Jeu avec un minimum de prise de tête pour un maximum de
plaisir !
Le plaisir sans les contraintes tant qu’à faire, sympa non !
Quand je vois lors des tournois des parents houspiller leurs gamins parce qu’ils ont
perdu une partie, je suis révolté.
D’autant que la plupart du temps ils ne jouent pas eux même ou alors s‘avèrent de
piètres compétiteurs !
Freudien cette histoire …
Moi j’ai résolu le problème, l’enseignement du jeu d’échecs à mon Romain qui a
15 ans m’aura permis de régler Son complexe Oedipien par Roi interposé !
Et puis c’est qu’il m’accrocherait l’insolent !
Je lui ai appris le maniement des pièces dès son plus jeune âge !
Les gamins sont attirés par ce jeu, et ils ont tôt fait d’en assimiler les principes de
base ; avec leur cerveau en éveil, sans cesse en ébullition, ils assimilent de
manière déconcertante une somme astronomique d’informations, en l’occurrence la
théorie du Jeu …
Ils sont adorables durant leurs tournois, je me régale au spectacle de leurs
mimiques, de leur candeur et déjà, cette envie de gagner, quand ce ne sont pas les
chaudes larmes pour une partie perdue.
Et puis c’est très formateur, j’ai expliqué à Romain qu’il fallait savoir perdre
même si ça ne fait jamais plaisir.
De même, avoir de la considération pour son adversaire, lui serrer la main avant et
après le match !
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C’est un malin mon Rominou et il a obtenu des résultats dès ses premiers tournois
il y a 5 ans !
Je ne l’ai jamais poussé et j’ai toujours abordé la pratique du jeu de façon ludique !
Après certains s’étonneront qu’en pleine crise d’adolescence leur rejeton envoie
tout balader pour se consacrer à la pratique du bilboquet, activité fort noble au
demeurant !
Depuis quelques années mon fils adoré préfère se consacrer à la musculation des
pouces !
Ah ! Les manettes de jeu ! A n’en pas douter, d’ici quelques temps, ils vont
proposer une greffe en guise de 6ème doigt !
Mais je ne me fais pas de souci, dans quelques années il y reviendra à la pratique
du Noble Jeu !
Dites, je digresse, je dégraisse mais je ne vous parle pas de ma progression
échiquéenne !
Je vous disais que mon cerveau me surprendra toujours, je me suis levé un matin,
un 14 février 2005 et j’ai commencé la rédaction du présent texte !
Mes proches m’avaient incité à écrire suite à ma bafouille éditée à compte d’auteur
il y a deux ans bientôt, mais impossible de produire quoi que ce soit …
Et voilà t’y pas qu’un beau matin, môssieur cerveau daigne me donner du grain à
moudre !
Alors pour les digressions et le dégraissage je décline une partie de la
responsabilité et vous dirais simplement : c’est pas Moi, c’est Lui !
D’autant que comme pour le déroulement des parties d’échecs, ce Malotrus me la
joue sans plan et à l’inspiration !
(Quand je vous dis que ma vie est un véritable Enfer, vous compatissez au
moins…)
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Pour progresser au jeu d’échecs il n’y a pas à tergiverser, ni barguigner, il faut
jouer encore et encore, enchaîner les phases de jeu, un peu à la manière d’un
musicien faisant ses gammes... je comprends mieux maintenant les musiciens
jouant leurs partitions de tête.
… maintenant que j’arrive à me souvenir de mes parties !
Eh oui, depuis quatre ans, moi aussi je suis capable de me remémorer mes parties
et des phases de jeu jouées il y a fort longtemps !
Et ça se sera fait tout naturellement.
Patience et langueur de temps !
Tout se passe dans notre cerveau.
Cette bêbête est capable des abstractions les plus inouïes.
Car c’est une chose que de rejouer mentalement des phases de jeu, mais
c’en est une autre que de se livrer à la pratique du jeu à l’aveugle et en simultané,
comme certains champions !
Que je vous explique :
Ce sont des exhibitions où le champion, assis un bandeau sur les yeux face à
plusieurs joueurs, dicte ses coups à un assistant qui se déplace d'échiquier en
échiquier... au bout d'un certain temps les joueurs abandonnent, dégoûtés, les uns
après les autres !
Si je me souviens bien le record doit être d’une quarantaine de parties à l’aveugle
jouées simultanément !
Le cerveau compartimenté en quarante échiquiers, vous rendez-vous compte des
prouesses de ce super-calculateur!
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A la différence de la majorité des joueurs qui connaissent par coeur le nom des
ouvertures, je confesse qu’hormis les principales je suis souvent bien incapable de
citer le nom des débuts joués !
Je sais, c’est contraire à l’orthodoxie mais pour un adepte du gambit Taliban !
En outre je me rends compte qu’avec ma méthode globale je perds beaucoup
moins de temps en réflexion, les coups me venant tout naturellement,
instinctivement dirais-je !
J’aime à dire que pendant que les autres se farcissent la tête, j’ai l’esprit plus libre
et je peux mieux me concentrer sur la tactique et les combinaisons !
Dernièrement un joueur me disait que j’avais un jeu imprévisible, ce qui m’a fait un
plaisir énorme !
C’est vrai que je n’hésite pas à sacrifier des pièces pour créer des déséquilibres et je
me marre intérieurement à la vue de certains joueurs s’attachant à leurs pions, à la
manière de petits épargnants thésaurisant leur pécule !
J’aime le beau Jeu, le Panache …
Certes je ne suis pas aussi précis qu’un joueur qui connaît par coeur son ouverture
mais je fais la différence bien souvent en milieu de partie !
Je suis un adepte des jeux embrouillés, des situations compliquées où je tire
généralement mon épingle du jeu !
Par dessus tout j’adore entendre les réflexions de mes adversaires qui se lamentent
d’avoir perdu leur partie avec souvent du matériel en plus !
Matériel en sus certes, mais j’ai créé un déséquilibre qui s’est avéré Fatal !
Les champions du siècle dernier ont laissé une foultitude de traités sur leurs
systèmes de jeu, quand ils n’ont pas attribué leur nom à leur ouverture favorite,
passant ainsi à la postérité.
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Dites il me vient une idée, si j’écrivais mon traité sur le gambit Taliban , (un
gambit faut-il le préciser étant un sacrifice de pion dans l’ouverture qui confère un
avantage de développement !)
Pas un, ni deux, ni trois mais quatre pions, ce serait du plus bel effet, mais un peu
suicidaire quand même !
Je suis un adepte du Gambit Morra, joueur Niçois de la fin du siècle dernier !
A ce sujet, il avait refourgué son manuel à monsieur Rost qui vient jouer avec moi
le jeudi !
Ne voyez-vous pas le chemin tortueux vers lequel je veux vous conduire, le
dédale emberlificoté de ma pensée, de mon compère-cerveau !
Cela va faire trois ans que je joue sur internet contre des joueurs du monde entier !
Il faut un pseudo pour l’inscription.
Et je dois dire que l’aubaine était trop bonne pour moi de placer un de mes jeux de
mots tarabiscotés.
Gambit Morra …… Taliban ?
A l’époque, les médias nous abreuvaient d’infos sur la traque de Ben Laden qui
s’était réfugié dans ses montagnes aux confins de l’Afghanistan !
Elles répondaient au doux nom de Tora-bora avec des grottes tout confort, vous
souvenez-vous que même les cuisines étaient équipées !
Vous n’avez pas encore trouvé !
Mon pseudo serait non pas Tora-bora, ni Bora-bora, mais Morrabora .
Sympa l’acronyme !
Depuis trois ans je sévis sur plusieurs sites.
Cela m’aura permis de rencontrer un plus large éventail de joueurs et d’étoffer ma
palette de jeu.
De plus, je peux voir tout à loisir les champions ferrailler entre eux en parties
rapides !
Alors pourquoi voudriez-vous que je prenne des cours, d’autant que je me doute
que les champions ont leurs secrets et qu’ils planent à mille lieues de nous, pôvres
besogneux !
Le classement élo fluctue et contrairement à la majorité des joueurs je n’y attache
qu’une importance toute relative !
Car pour des élo supplémentaires certains seraient prêts à tout, savez-vous qu’il y a
quelques dizaines d’années, certains joueurs allaient dans les pays de l’ex bloc de
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l’Est monnayer une bonne performance contre des espèces sonnantes et
tintinabulantes !
Passé un certain stade de performance vous avez un classement qui vous confère
un titre FIDE à vie !
Dites, moi je m’attache à récolter des applaudissements sur internet, il y a une
fenêtre réservée à cet effet et lorsque vous avez fait une jolie partie votre adversaire
vous applaudit, à la condition de ne pas être un ingrat ; il m’est arrivé de me faire
copieusement insulter !
Quand je vois certains joueurs se rendre malade, faire des grossesses nerveuses
pour une partie perdue, je me demande si nous vivons sur la même planète !
Ouvrez les yeux, regardez autour de vous saperlipopète, ce n’est qu’un jeu, ne
croyez-vous pas qu’il y a suffisamment de malheurs de par le monde …
Je les inviterais à aller faire un tour dans un centre de rééducation fonctionnelle
pour relativiser leur défaite !
Je suis plutôt fair-play, je n’en fais pas tout un plat si je perds, à plus forte raison si
j’ai joué une chouette partie avec le sentiment d’avoir donné le maximum, en
revanche rien ne me fait plus enrager que de commettre des erreurs grossières, mais
c’est de plus en plus rare et dans ces cas-là je ne m’en prends qu’à moi-même !
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Parlons plus avant du club et de ses joueurs si vous le
voulez bien !
Je vous ai dit que ma progression s’était faite par paliers …
J’apprenais beaucoup à l’occasion des nombreux tournois auxquels je participais
tout au long de l’année !
Contrairement aux autres clubs qui axent tout sur la compétition, l’atmosphère du
club de Cagnes sur mer est nettement plus conviviale avec un petit noyau
d’irréductibles dont votre narrateur !
Les clubs participent à un championnat par équipe tout au long de la saison avec 7
rencontres en tout, étalées à raison d’une par mois !
Dès la deuxième année d’inscription j’ai commencé à jouer en championnat
départemental (vous avez le championnat départemental de 1 à 4 pour les joueurs
moyens et le championnat national de IV à I pour les joueurs de niveau très bons à
champions !) .
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De même pour les difficultés d’élocution, moi qui en disais le strict minimum de
crainte de devoir répéter, depuis quelques années je suis le premier à plaisanter et à
commenter les phases de jeu des autres joueurs, bien souvent pour les chambrer
gentiment !
Ceci dit j’ai fait d’énormes progrès sur le plan de “ l’électrocution ” !
Vous permettez que je fasse une pause pour faire un bisou à Isabelle la plus
sympathique et la plus charmante des orthophonistes.
Il faut le répéter, ma vie est un enfer, même au club !
Je ne vais pas revenir sur mon approche un peu différente du jeu qui tend à me
marginaliser, d’ailleurs je me fais régulièrement vanner sur mes gambits à la noix
et mon jeu à l’emporte pièce.
Ça me plait et ça me motive, d’autant que ce sont des saillies proférées sur un ton
amical !
Mais ce que j’aime par dessus tout, c’est faire des commentaires lors des moments
cruciaux avec, bien entendu, des partenaires tout disposés à soutenir la joute
verbale, toujours en partie amicale parce que pour les tournois, le motus et bouche
cousue est de rigueur !
Ces dernières années on se retrouvait tous les mercredis, nous étions un petit
groupe de joueurs, une petite dizaine tout au plus et j’aime autant vous dire que j’en
ai essuyé des quolibets et autres plaisanteries, mais comme je le disais, ça me
motive et bien souvent je suis le premier à les provoquer !
N’était-ce pas Thorsten, un membre du club, qui m’avait traité de “ Joueur de
Plage ” il y a quelques années.
Il fait bon jouer au club de Cagnes sur mer …
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AMITIÉS.
Je vous parlais de la bonne ambiance du club que je fréquente depuis 8 ans.
J’ai noué des liens forts avec certains joueurs.
Il est de coutume, lors des déplacements de championnat par équipes, d’aller au
restaurant ce qui est très convivial et renforce les affinités !
Durant 5 années j’ai écumé les nombreux tournois de la région accompagné de
Pierre Casa, qui nous a quittés l’an dernier.
Nous avons passé des moments extraordinaires de complicité.
La pratique du jeu d’échecs aura adouci la fin de sa vie …
Je voudrais rendre hommage à Tous les membres du club de Cagnes échecs pour
leur sympathie, leur convivialité et les moments de plaisir intense qu’ils ont
contribué à me procurer !
La pratique du Jeu d’échecs aura amplement participé à
ma renaissance, avec un plaisir constant pour un
minimum de contraintes …
Alors si vous voyez un Jeu d’échecs, approchez-vous et laissez-vous envoûter.
Vous verrez, vous ne le regretterez pas !
Et puis, bougez votre Cerveau, il n’attend que ça, vous
n’en serez que plus épanoui … foi de Moi !”
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Ainsi s’achève mon récit !
Vous savez, je pense souvent à ma période d’hospitalisation et comme je le disais
précédemment, le temps atténue les souffrances, on oublie les mauvais souvenirs
pour ne garder que les bons.
Alors, certes, il est cruel ce sort qui s’est abattu sur nous,
mais la vie vaut d’être vécue et malgré le handicap je
puis affirmer qu’il est possible de se reconstruire et
d’avoir une vie intense.
D’être pleinement heureux de Vivre et d’Aimer.
À la Vie et à l’Amour …
Patrice Sanchez
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Novembre 2008,
Je vous ai parlé de mon état de délabrement à mes
débuts !
Eh bien, progressivement, j’ai récupéré : dans mon affection, seul le temps joue,
la patience et la longueur de temps citées plus avant, histoire de laisser à mon
cerveau la possibilité de recréer ses connexions, de régénérer les cellules nerveuses
détruites après l’hémorragie cérébrale et lors de l’intervention !
Mes douleurs vives du début se seront estompées progressivement, on m’a fait une
petite intervention pour enlever ce satané clou et je me suis débarrassé de l’attelle
voilà sept ans !
Et puis pour un ancien malàgauche je suis d’une dextérité maintenant !
Petit à petit je me suis rendu compte que je pouvais tout faire,
de la cuisine que j'adore préparer pour mes amis,
au ménage et au repassage,
j'ai même trouvé le moyen de me couper les ongles de la main gauche,
aprés d'intenses cogitations, voilà deux ans j'ai eu l'idée lumineuse de prendre un
coupe ongle entre mes dents en prenant soin de me protéger les dents avec un gant
de toilette ou un torchon et cela donne un résultat impeccable …
« Moi qui me demandais comment j'allais bien pouvoir faire avec un seul bras une
seule main … si je serais condamné à me coltiner des douleurs et des rhumatismes
pour le restant de mes jours ... »
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Avec le temps j'ai appris à faire en sorte de me protéger, en faisant toujours des
mouvements déliés et souples, ils me viennent naturellement, d'ailleurs
dernièrement j'avais passé des tests avec une psychomotricienne dans le but d'un
prochain stage de formation informatique, elle avait été stupéfiée par ma dextérité

Je n'arrête pas de solliciter mon bras, ma main, sans le moindre problème pour mes
articulations mais ce que j'aime par dessus tout c'est masser,
ah les doux massages, mais je m'égare …)
Durant ces douze ans de dépendance, la relativisation, l'ouverture aux autres, parce
que même si depuis quelques années je me déplaçais sur de petites distances, dés
qu'il y avait le moindre obstacle, le moindre trottoir mon bras se raidissait et j'étais
déséquilibré ; je n'étais pas malheureux, je m'étais créé un monde à ma mesure avec
malgré tout ce secret espoir d'un jour arriver à une autonomie totale, tout en étant
conscient que cela relevait du rêve …
Voilà deux années que les évènements prennent une
tournure de plus en plus merveilleuse.
Car le rêve est devenu réalité …
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Je ne sais si l'on peut s'imaginer douze ans de dépendance, tributaire des uns et des
autres pour le moindre de mes déplacements et un beau jour comme par
enchantement vous êtes libre, je me sens comme un esclave affranchi, j'avais une
chaine invisible qui me retenait le bras, qui me le raidissait et progressivement il
s'est calmé, je trébuche allégrement dorénavant sans que mon bras droit n'improvise
la danse de saint guy ...
La jubilation intense, la joie indicible de me sentir mieux de semaines en semaines,
je peux marcher des heures durant sans me fatiguer, monter des trottoirs, franchir
des obstacles, des montées et des descentes …
De semaines en semaines je me sens mieux et si les premiers mois j'avais
l'impression de marcher sur des oeufs, depuis quelques temps en revanche je me
sens tout à fait à l'aise,
et puis je voyage régulièrement vous rendez-vous compte !
J'ai fait pas loin d'une quinzaine d'aller-retour Nice-Turin ...
Mais que va faire ce Globe trottineur avec son sac à dos sur l'épaule promenant son
sac à roulette, arpentant les tunnels des gares et montant et descendant cahin-caha
les escaliers à Turin me repondrez, vous alors qu'il y a un an il était infoutu de
monter dans un transport en commun …
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Car un bonheur ne venant jamais seul j'ai rencontré à Turin une femme
merveilleuse, je sais vous allez me dire qu'avec moi toutes les femmes sont
mirifiques et je vais vous rétorquer que ce n'est pas de ma faute si je rencontre des
femmes fantastiques, mais avec Gina c'est encore plus exceptionnel !!!
J'avais fait sa connaissance sur un site de rencontre et après 10 jours d'intenses
échanges elle m'avait donné rendez-vous à Turin au Caffé Torino,
(vous ne croyez pas que quelques centaines de kilomètres vont me dissuader de
faire une rencontre que je pressentais fantastique, j'ai toujours fonctionné à l'instinct
au feeling et encore une fois, bien m'en aura pris, car quand j'ai vu arriver Gina,
avec sa démarche chaloupée de danseuse de tango, son visage lumineux la foudre
une nouvelle fois m'est tombé dessus …
Dans ce monde qui part à la dérive, je continue mon petit bonhomme de chemin,
entouré des êtres qui me sont chers et j’ai des activités, des passions qui me
comblent, me nourrissent.
J’avais dit ma passion du jeu d’échecs dans mon récit mais je n’avais pas parlé du
Jazz qui hante ma vie, mon quotidien depuis une dizaine d’années et qui m’aura
aidé à m’évader dans les moments difficiles.
Je suis tout simplement heureux de vivre et j’essaie de savourer
pleinement le moment présent.
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