dimanche 31 octobre 2010

LA MAGIE DU JEU D’ECHECS.
Eloge du noble Jeu qui aura contribué
à ma renaissance !
51
Si tu as le vice, sache que je prendrai le "tourne vice" pour te Mater !
En la mémoire de Pierre Casa avec qui j’ai vécu d’intenses moments échiquéens.
Lettre au professeur Grellier neuro-chirurgien à l'hôpital Pasteur de Nice
(juin 2004).
"Il est 4 heures du matin ce lundi "de pentecôte" et je me suis réveillé avec le fou
rire.
Je venais de rêver de Vous et vous étiez en train de me refaire "les conduits, la
tuyauterie".
Je participe à un tournoi d'échecs et j'ai battu l'ancienne championne d'Argentine.
Après la partie elle m'a dit qu'elle n'avait pas vu venir le mat !
Il faut dire que j'étais dans la panade avec une pièce et deux pions de retard, alors
j'ai tenté le tout pour le tout, l'attaque à tout va...
À une époque où Dieu tient le haut de l'affiche, permettez que je rende hommage à
mon re-Créateur, sans qui je ne serais pas là en train d'écrire cette bafouille
nocturne !"
Le 14 février 1995 j'ai été victime d'une hémorragie cérébrale.
Je faisais des crises d'épilepsie depuis l'adolescence et j'avais passé une
I R M 5 années plus tôt ; les médecins avaient diagnostiqué une volumineuse
malformation artérioveineuse.
Après une période de coma plus ou moins profond, diverses complications et une
opération je me suis retrouvé totalement paralysé et aphasique.
J'ai fait deux ans de centre de rééducation dont plus d'un sans savoir si un jour je
remarcherais.
J'ai écrit mon histoire, “ À l'issue de mon plein gré, ou comment j'ai influé sur le
destin qui semblait s'acharner à mon encontre ”, il y a un an, où je raconte mon lent
retour à la vie avec ce corps différent qu'il a fallu apprivoiser, mon dur
réapprentissage de tous les gestes de la vie courante (je ne peux me servir de mon
bras droit, j'étais droitier dans ma vie antérieure et malàgauche comble de
malchance !).
Mon combat quotidien, notamment pour surmonter mon handicap de la parole en
me forçant à aller au contact des autres.
Aujourd'hui j'ai récupéré au delà des espérances médicales.
J'ai voulu prouver qu'après un accident de la vie celle-ci ne s'arrêtait pas, bien au
contraire, que l'on pouvait en profiter pour rebondir (pas trop fort quand même !) et
lui trouver enfin une vraie saveur.
52
Cette aventure humaine m'aura permis d'appréhender l'existence différemment, de
ne plus m'embarrasser du superflu pour n'aller qu'à l’essentiel.
Ma foi en l'avenir ne m'aura jamais quitté et rétrospectivement je peux dire que ça
valait la peine de se battre.
Ouvrez-vous aux autres et apprenez à relativiser tels sont mes maîtres mots, sans
compter l'humour et l'autodérision.
C’est un peu abrupt comme introduction mais je pense qu’il était nécessaire de
vous restituer le contexte et la particularité de votre interlocuteur car il faut le
reconnaître : je vous mets au défi de trouver des scalpés du bulbe rachidien
amputés d’un bout de matière grise pousseurs de bois !
Le Jeu d’échecs aura contribué à ma renaissance !
Car il faut le crier haut et fort :
Ce Jeu, cette activité de l’esprit, ce sport maintenant, est tout simplement
MAGIQUE et j’y puise un équilibre, un bien être et une joie incommensurables !
J’ai toujours été passionné par ce jeu et c’est un professeur de mathématiques
de 6 ème qui m’a initié !
À l’époque les échecs ne connaissaient pas la médiatisation ni l’engouement actuels
et les partenaires ne couraient pas les rues.
Les gens ont trop en tête l’image galvaudée d’une activité réservée à une élite ; il
suffit d’entendre la première réaction à la réponse :
“ Oui je joue aux échecs ”
Qui est bien souvent : “ c’est un jeu d’ intellos ! ”
Non mes braves Dames et Messieurs, détrompez-vous !
Je parlerais plutôt d’une activité qui fait appel à la logique, à l’esprit cartésien et au
sens tactique !
Durant toute la première partie de ma vie jusqu’à mon hémorragie cérébrale
survenue à l’âge de 29 ans, je n’ai joué qu’en dilettante, juste pour le plaisir de
manipuler les pièces à mille lieues des arcanes et autres subtilités des clubs
d’échecs !
53
Car pour les non initiés il faudrait plutôt parler d’une confrérie !
La confrérie des Pousseurs de Bois : avec sa propre Régle, ses us et ses
"costumes", ses points d’exclamation et ses double croix, ses “ j’adoube ”, ses
gambits et autres prises en passant …
Ses ouvertures à n’en plus finir, ses milieux de parties et ses finales quand la
tempête a fait rage sur l’échiquier et qu’il ne reste plus que le Roi exsangue avec
pour seule protection quelques pions se battant en duel.
C’est cela la magie du jeu d’échecs !
Et plus vous progressez, plus vous gagnez en compréhension du jeu, plus vous
tirez plaisir, satisfaction à terrasser votre adversaire.
Il faut le dire, c’est un affrontement impitoyable, on joue pour gagner.
L’on doit mettre l’adversaire hors d’état de nuire par tous les moyens - pas de
quartier - et le plus rapidement possible car le temps est compté !
Eh oui, comme s’il ne suffisait pas de gérer les forces en présence, il faut encore se
soucier de la pendule car au jeu d’échecs le temps est compté et sitôt celui-ci écoulé
vous êtes KAPUT, même si la seconde d’après vous auriez pu mettre votre
adversaire KO!
La cruauté poussée à son paroxysme …
Durant mon hospitalisation, qui a duré presque deux ans, j’ai passé des heures et
des heures à jouer quotidiennement sur mon échiquier électronique acheté à Paris 5
ans plus tôt !
J’ai la chance de vivre à l’époque de l’avènement de l’informatique, sinon je
n’aurais certainement pas eu l’occasion de pratiquer ce jeu, rares étant les patients
sachant jouer !
54
Cela m’aura permis de solliciter mes méninges soumises à rude épreuve, faut-il
vous le rappeler, et surtout de combattre l’ennui, la monotonie par la pratique
assidue d’une activité vraiment passionnante !
Depuis quelques années il semblerait que les écoles proposent à notre jeunesse
une initiation au jeu.
Cette activité structure l’esprit, fait appel au sens logique, développe l’aptitude à la
réflexion et pour résumer nous épanouit pleinement.
Ah, si les hommes jouaient un peu plus aux échecs !
À n’en pas douter il y aurait moins de conflits de par le monde !
Dire que dans les pays de l’ex bloc Soviétique le jeu d’échecs est une institution.
À ma sortie définitive de l’hôpital en septembre 1997 je me suis mis à la recherche
d’un club proche de mon domicile.
Mais au fait, que je vous narre un peu les circonstances de mon accident vasculaire
cérébral.
Il était aux entournures de minuit et devinez un peu d’où je revenais ?
Je vous le donne dans l’Émile !
J’étais allé m’inscrire au club d’échecs d’Antibes 3 heures plus tôt et voilà t’il pas
que deux ans plus tard je franchis la porte de celui de Cagnes sur mer !
Ironie du sort, signe du destin
ou alors est-ce mon Karma qui me lie inextricablement à ce Jeu !
C’est un petit club d’une quarantaine de membres qui me firent un accueil
chaleureux.
À l’époque je marchotais à peine, et j’avais un clou dans le col du fémur suite à
une fracture survenue 4 mois plus tôt ; cette ferraille me faisait atrocement souffrir.
55
Fallait-il être un peu maso ou alors follement passionné !
Je redescendis bien vite de mon piédestal.
Car c’est une chose que d’accrocher un modeste échiquier électronique
et de mettre des raclées à des joueurs profanes, en revanche allez faire un tour dans
un club d’échecs et vous comprendrez votre douleur !
Vingtdioux ce fut un choc !
J’entendais parler de termes techniques inconnus du commun des mortels, je les
voyais appuyer frénétiquement sur des espèces de réveils matin bicéphales …
J’étais fasciné à la vue des pièces déplacées à toute vitesse, et avec une dextérité
inouïe.
À ce sujet, si vous avez l’occasion d’aller voir des champions lors de tournois en
parties rapides, c’est un spectacle extraordinaire, à couper le souffle !
Vous pouvez aussi les suivre sur internet en temps réel mais sans la gestuelle
vraiment impressionnante !
Je dois dire que je fus abasourdi et quelque peu décontenancé ; j’entrevoyais à
peine le long apprentissage qu’il me faudrait suivre pour avoir une toute petite
compréhension du jeu.
Rien qu’une toute petite maîtrise !
Dites, Paris et Lutécia ne se sont pas faites en un jour et il m’en fallait certainement
plus pour me décourager d’autant que la majorité des joueurs sont des passionnés et
que le virus a tôt fait de se propager !
Je me déplaçais avec beaucoup de difficultés à l’époque et j’avais encore du mal à
me faire comprendre, la fatigue accentuant mes difficultés d’élocution.
Il n’empêche que pour rien au monde je n’aurais manqué les deux après midi du
club, le mercredi et le samedi.
J’avais fait l’acquisition d’un ordinateur et bien vite j’achetai un logiciel d’échecs.
Ainsi débuta mon apprentissage !
Un peu de théorie, beaucoup de pratique et des milliers et des milliers de mauvais
coups !
56
Mais j’étais motivé et ce jeu à ceci de fascinant que quel que soit votre niveau vous
prendrez plaisir à jouer, à manipuler les pièces… ce contact charnel avec les pièces
de bois, envoûtant que je vous dis !
Et puis l’on n’a pas le temps de s’ennuyer en Club.
Déjà le tournoi de Cagnes-sur-Mer d’octobre démarrait, échelonné sur 7 samedi.
On appelle “Rondes” les parties dans notre jargon !
Je me familiarisai rapidement avec le maniement de la pendule mise à la gauche du
joueur qui a les blancs !
Bien entendu, ne pouvant me servir de mon bras droit, les joueurs ne me firent
aucun problème quand je leur demandai d’intervertir la place de l’horloge à deux
têtes !
J’étais dans le bain, immergé jusqu’au cou et mes premières parties furent pour le
moins expéditives, quand ça ne tournait pas au carnage, à la boucherie !
Mais ça ne faisait rien, j’étais bien décidé à apprendre, à persévérer et puis c’est
dans la défaite que l’on tire les leçons pour les victoires futures.
J’eus droit à un classement élo, du nom de son inventeur.
Il va de 1000 élo à 2900 pour les très grands champions.
Tous les ans, après de savants calculs entre les parties gagnées 1 points, les parties
nulles ½ et les défaites 0, l’on secoue bien fort et le nouvel élo est arrivé, un peu
comme le Beaujolais !
Depuis quelques temps on a droit à un classement 3 fois dans l’année !
Tous les nouveaux affiliés à la Fédération Française d’Échecs (FFE) se voient
attribuer 1499 élo.
Pourquoi pas 1000 ou 1500 lui répond-t-il en écholalie l’élo ?
Je n’en sais fichtre rien …
Actuellement je flirte avec les 2000 élo !
L’échiquier se compose de 64 cases avec un marquage en bordure, 8 lettres en
abscisse de “a” à “h” et 8 chiffres de “1” à “8” en ordonnée.
Durant les tournois il faut noter les coups, de cette manière l’on peut rejouer les
parties ; vous avez tous joué à la bataille navale, eh bien c’est le même principe sur
l’échiquier !
J’étais malheureusement droitier dans ma vie antérieure et malàgauche de surcroît :
je fus exempté de notation !
57
Dites, ne croyez-vous pas que j’étais suffisamment absorbé par la récupération de
mes fonctions essentielles pour que je doive encore me soucier d’apprendre la
calligraphie !
Et puis, vu mes difficultés à me mouvoir, je n’avais d’autre choix que de rester
assis à ma table avec ce satané clou dans le fémur qui me faisait de plus en plus
souffrir au fil des heures !
La concentration extrême, bien souvent pour jouer un mauvais coup, ne pas oublier
d’appuyer sur la pendule, eh oui ça arrive souvent chez les joueurs débutants, et
puis ces douleurs dans le dos du fait de mon coté droit paralysé !
Vous rendez-vous compte de l’Enfer des premiers temps !
Mais la passion du jeu était la plus forte !
Je ne pouvais pas aller voir les champions en découdre entre eux ; je me fis une
raison et pendant que les autres joueurs, une fois leur partie terminée, allaient
observer tout à loisir les différentes phases de jeu des cadors, je restais dans mon
coin et je pris l’habitude de lire en attendant que l’on vienne me chercher avant de
m’écrouler d’épuisement sur mon canapé.
En plus des nombreuses heures passées devant mon ordinateur à me battre contre le
logiciel, je fis l’acquisition d’ouvrages de théorie, lecture pour le moins
rébarbative !
Mais si l’ordinateur se révèle un compagnon de jeu indéfectible il ne remplacera
pas l’humain !
J’étais frustré de ne jouer que deux après-midi par semaine.
Je me mis en quête d’un partenaire ; un jour, ma mère qui jouait au bridge me dit
qu’un membre de son club était tout disposé à venir le jeudi après-midi jouer avec
moi.
Monsieur Rost, professeur d’allemand à la retraite vint donc.
J’ai fait d’énormes progrès à son contact, c’est un très bon joueur et je me rappelle
qu’au début il venait avec des livres de théorie en allemand pour que nous étudiions
les débuts de partie, apprentissage essentiel dont dépend le déroulement de la
partie !
58
Il y a des centaines de débuts, aussi les joueurs doivent-ils en connaître quelques
uns sur le bout des doigts en fonction de leurs préférences, de leur sensibilité
naturelle !
Que je vous explique :
Nous avons notre propre tempérament.
Nous serons enclins à nous comporter dans la vie de manière plus ou moins
rationnelle ou alors totalement inconséquente.
Eh bien, sur l’échiquier c’est la même chose !
Il y en a pour tous les goûts, du joueur kamikaze à celui pratiquant une défense en
béton.
De celui aimant la complication, à l’expéditif qui va échanger ses Pièces dans le
but d’atteindre rapidement la finale de jeu !
Et les ouvertures, suivant que vous jouez le pion du Roi, de la Dame ou du Fou
(qui sont les débuts de parties les plus couramment joués, vous apporteront des
perspectives d’attaque ou de défense infinies !
Car ce jeu a ceci de magique qu’il ne peut y avoir deux parties semblables, c’est
une découverte incessante, un plaisir de tous les instants.
Vous comprenez mieux la fascination, l’attraction !
Petit à petit j’assimilais les principes de base, les grossières erreurs à ne pas
commettre, et pour résumer les commandements du joueur d’échecs !
Et puis j’étais en admiration devant certains joueurs arrivant à se remémorer des
phases entières de jeu, quand ce n’était pas la partie intégrale !
J’appris plus tard que certains grands maîtres se souviennent de toutes leurs parties
jouées, ce qui est phénoménal vous en conviendrez, car cela doit se chiffrer en
centaines de milliers, si ce n’est en millions !
Le cerveau est sans cesse sollicité, en pleine ébullition.
Je calculais, j’attaquais, je défendais, je jouais des coups d’attente si bien qu’au
bout de quelques heures j’avais la tête comme un Tchouk-Tchouk, au bord de
l’implosion !
Je conviens rétrospectivement qu’il y fallait une certaine dose de masochisme car
en plus de la cafetière mon corps était au supplice avec ses douleurs dorsales, dans
la hanche et à la cheville à cause d’une attelle inconfortable !
Mais bon relativisons, car je revenais de l’Enfer !
Un an et demi alité, avec un corps martyrisé, ça vous dit quelque chose… ?
59
Ces douleurs étaient bien peu de chose comparées à ce que j’avais traversé et j’étais
trop heureux de voir du monde, de me déplacer même avec d’énormes difficultés,
trop heureux de Vivre après avoir frôlé la Mort …
L’on ne se rend pas compte de la chance que l’on a d’être sur ses deux jambes,
d’être libre de ses mouvements et je rends hommage à ceux qui souffrent dans
leurs corps, dans leurs chairs !
Vous savez, deux ans d’hospitalisation vous changent un homme !
C’est une leçon de vie et l’on ne ressort pas indemne d’une telle aventure ; j’ai
rencontré des êtres extraordinaires au regard desquels mes souffrances étaient bien
peu de choses !
Tous les joueurs d’échecs sont des passionnés !
Il vaut mieux remarquez, car certaines parties de tournois peuvent durer jusqu’à 6
heures !
J’ai pu les observer tout à loisir durant les compétitions du fait de mon état
statique.
D’ailleurs je proposerais d’instituer une nouvelle discipline comportementale :
L’échiquéologie avec en corollaire l’échiquéothérapie !
Je vous ai parlé plus avant de la personnalité du joueur d’échecs que l’on peut
décrypter en fonction de son style de jeu !
Je dirais aussi que le joueur est superstitieux dans la grande majorité des cas et de
mauvaise foi car il a toujours une bonne excuse pour expliquer sa défaite !
Il y a toute une stratégie d’intimidation bien souvent avant la partie ; il n’est qu’à
lire les récits paroxystiques de certains championnats du monde où l’on frise la
pathologie, la paranoïa ; à noter que quelques champions ont sombré dans la
folie !
Et puis les codes à respecter durant le déroulement de la partie avec le plus
contraignant pour les débutants : La règle du “pièce touchée = pièce jouée”
En effet, si vous avez le malheur de toucher une pièce, même involontairement,
vous serez obligé de la jouer ! (j’aime autant vous dire que quand vous vous y êtes
fait prendre eh bien , vous réfléchissez à deux fois avant d’effleurer une pièce !) ;
60
ou alors il faut avoir la présence d’esprit de dire le mot magique, le sésame :
J’adoube
Chevaleresque n’est-ce pas donc !
On emploie ce terme le plus souvent pour recentrer une pièce sur sa case en début
de partie.
Eh bien me direz-vous quel tableau, ce ne sont que vices et tournevices !
C’est avant tout une ambiance, une atmosphère, des êtres tout à leur passion et bien
souvent, rien qu’à leur passion …
On en oublierait de manger, de dormir et ce rien que pour un supplément de Partie,
d’Analyse …
Les premières années, quand je participais à un tournoi d’échecs se déroulant sur 5
jours avec en tout 7 rondes, je n’arrivais pas à trouver le sommeil tant mon cerveau
était assailli par les phases de jeu !
Le PLAN, la planification qu’est-ce donc ?
Tous les manuels d’échecs vous parleront de Plan, il faut prévoir une stratégie,
élaborer une tactique !
Mais quand vous pensez que votre antagoniste lui aussi fait un Plan
« Quinquennal » avec de la technico-tactique encore plus élaborée, vous aurez
toutes les chances de rester en Plan de votre joli Plan !
Et puis ces ouvrages abscons, bien souvent écrits en anglais, non décidément, je
n’avais pas envie de me farcir la tête avec de la théorie.
Mon parti était pris, j’aurais une approche empirique, voire iconoclaste :
dernièrement j’ai mis en pratique le gambit Taliban !
(4 pions sacrifiés et un cavalier pour la victoire à la clé : c’était lors du tournoi de
Cagnes sur Mer 2005) !
Je reconnais avec humilité que la méthode est sujette à caution mais j’étais têtu
comme un bourricot.
Alors je tâtonnais, je me plantais encore et encore jusqu’à ce que je trouve la
solution, le meilleur coup par moi-même !
61
Mais comme je le faisais remarquer en début de texte, c’est surtout le fait de ne
pouvoir me déplacer pour assister aux parties des champions, les premiers temps du
moins, qui m’aura obligé à composer avec les moyens du bord !
SUPERSTITION
Je disais que le joueur est superstitieux !
Il n’est que de constater les champions et leurs manies quand ce ne sont pas des tics
et des tacs !
(Vous souvenez-vous des souris du regretté Garcimore : Tac et TacTac ).
Une personne extérieure à notre petit monde dirait « ils sont complètement toqués
ces joueurs d’échecs » !
Mais c’est avant tout dans notre nature profonde …
L’être humain a besoin de se raccrocher à quelque chose pour oublier sa condition
nous disent nos grands penseurs, à des croyances, des fétiches que sais-je encore ?
Concédons-le, il est grisant de remporter une victoire, à plus forte raison si vous y
mettez la manière, dans ce cas c’est franchement JOUISSIF !
Voir le visage de votre adversaire se décomposer à mesure que vous développez
votre attaque, ajoutez-y le sacrifice de quelques pions et pourquoi pas le risque
calculé de se défaire d’une Pièce, torture suprême, supplice exquis.
Vous rendez-vous compte de ce que procure ce jeu millénaire, vous êtes-vous déjà
attardés à la devanture d’un magasin proposant de beaux jeux !
Comment ne pas succomber à la beauté des pièces, à cette harmonie.
Il en va de même pour les parties, je parlerais d’une Esthétique !
62
D’ailleurs, à chaque fin compétition, les organisateurs de tournois remettent un prix
de beauté récompensant la plus belle partie !
La magie du Jeu tout simplement …
Superstition, Mystère et Boule de gomme !
Je parlais de superstition et par extension de croyances …
Si je vous dis que ma vie n’a été émaillée que de coups du sort, de signes du destin
et que malgré l’épée de Damoclès qui s’est abattue sur le coin de ma figure, dans
le sillon de Rolando plus exactement, (dites, ce ne serait pas la fameuse rapière
Durandal ? ) je considère avoir eu une chance vraiment énorme, voire monstrueuse
!
Comment expliquez-vous que , lors de mon hémorragie cérébrale, je sois tombé de
vélo à une cinquantaine de mètres de mon domicile alors que quelques minutes
plus tard on m’aurait retrouvé rafraîchi,( refroidi c’est quand on vous met au
congélo)… je vivais seul à l’époque !
Et toutes les complications qui ont suivi… écoutez je vous copie-colle mon compte
rendu opératoire, quelques clics valent mieux qu’un long discours parfois !
Coeurs sensibles s'abstenir …
PROTOCOLE OPERATOIRE Le 29 mars 1995
Patient de 29 ans, victime d’une perte de conscience le14février 1995.Glasgow à 5.
Un scanner montre une hémorragie rolandïque gauche avec inondation ventriculaire .
Ce patient est en fait connu, comme étant porteur d’un angiome et aucun traitement n’avait été proposé jusque là.
Il s’agit d’un volumineux Angiome de la région rolandïque gauche alimenté par les branches de la cérébrale
antérieure et de la sylvienne avec de gros drainage veineux en direction du sinus longitudinal .
L’état grave du patient va nécessiter une réanimation prolongée avec des problèmes d’encombrement et d’infection
pulmonaire .
Vers la fin février, le patient va aller mieux . Il est capable de répondre à des ordres simples sur le plan moteur,
mais il est aphasique avec une hémiplégie droite totale .
Les contrôles scanners montrent la persistance du volumineux hématome de toute la région du centre semi-ovale .
63
Début mars, nouveau problème infectieux pulmonaire .
On va découvrir une infection à base de staphylocoques dorés de Candidose .
Vers le 20 mars, épisode convulsif, réagissant bien au traitement par DEPAKINE I.V .
L’état étant stabilisé, on décide d’intervenir sur le plan chirurgical pour enlever cette malformation absolument
volumineuse .
INTERVENTION
Taille d’un grand Scalp frôlant la ligne médiane, pédiculisé en bas dans la région temporale . Taille d’un volet
osseux pédiculisé en bas sur le muscle temporal .
Lors de la taille du volet osseux, la dure-mère est très adhérente à environ 2 cm en dehors de la ligne médiane .
Des veines de drainage intra-durales seront sectionnées . Il s’ensuit une hémorrragie importante . Soulèvement
rapide du volet osseux et hémostase par tamponnement au spongel des veines . Ouverture de la dure-mère, taillant
un lambeau à charnière médiale .
La malformation est d’emblée visible, en surface . On va d’abord procéder au repérage et au clipage des branches
venant de la sylvienne . Ensuite on se porte en avant et en dedans, et on va repérer les branches d’apport de la
cérébrale antérieure qui vont être clipées . Ensuite, il est possible de procéder à un abord postérieur où encore
quelques petites branches d’apport seront repérées et clipées . De cette manière, on gagne progressivement de
dehors en dedans, on peut basculer la malformation vers le haut et le dedans et cliper pas à pas les branches de
drainage vers le sinus longitudinal .
Dans la partie basse de la malformation, on va évacuer un important hématome résiduel qui a disséqué dans le
plan sagittal toute la couronne rayonnante jusqu’au niveau du toit ventriculaire .
A la fin de l’intervention, la malformation ayant été enlevée, les berges de la zone d’amputation cérébrale sont
contrôlées, vérifiées, l’hémostase est parfaite après lavage prolongé au sérum tiède . Les berges cérébrales sont
recouvertes de tampons de surgicel .
FERMETURE de la dure-mère par un surjet au Thicron . La zone de dure-mère vers la ligne médiane qui a été
ouverte, lors de la taille du volet, sera recouverte d’une lame d’aponévrose temporale pour obtenir l’étanchéité.
Suspension de la dure-mère au thicron . La zone de suture durale est recouverte d’une lame de spongel Reposition
du volet osseux qui est fixé par trois fils d’acier. Suture du muscle temporal à l’Ercédex . Fermeture du scalp en un
plan , Galéa et peau, au Flexocrin 30/100 sur drain de Redon .
(C'est écrit noir sur blanc, je suis hermétique, j'ai été étanchéifié !
Et après ça que voulez-vous que je craigne...
A part peut-être que le ciel ne me tombe sur la tête !
Si j’avais eu mon rapport "d'autopsie" avant d’écrire ma bafouille, j'y aurais
incorporé un chapitre sur mon expérience de désincarnation avec
des Sioux-(rurgiens) occupés à me Scalper tout au fond d'un tunnel !)
Les 10 ans qui ont suivis sont à l’avenant.
A croire qu’il y a tout là haut quelqu’un qui s’amuse à tirer les ficelles, en tout cas
il est drôlement bienveillant à mon égard après avoir été ô combien abominable.
64
L’envie de vivre ne m’aura jamais quitté et après avoir touché le fond, non pas de
la piscine mais du tunnel (n’oubliez pas que les rencontres avec l’au delà se font
toujours dans des tunnels, à se demander si le lobby des BTP n’y serait pas pour
quelque chose), je me suis dit que je ne pouvais que remonter et je n’ai eu d’autre
choix que d’aller de l’avant, de faire table rase du passé pour me reconstruire ; une
reconstruction de longue haleine, un chantier énorme, colossal, avec les résultats
que l’on sait !
C’est vrai qu’à l’heure où je vous parle, je viens de fêter mes 10 ans, je suis
pleinement heureux, épanoui.
J’ai définitivement tourné la page et c’est une nouvelle vie qui
s’ouvre à moi empreinte de sérénité et de joies intenses !
Dites, savez-vous ce que m’a offert ma chérie pour la Saint-Valentin, parce que,
faut-il vous le rappeler, j’ai été foudroyé à en tomber raide un 14 février :
Le Petit Livre de l’Amour.
C’est Roxane, la soeur de Romain, elle vient d’avoir 8 ans et c’est la plus jolie, la
plus douce et la plus sensible des petites filles.
Ils m’apportent bien du bonheur ces enfants !
A l’heure actuelle, je suis en pleine progression de ma jambe et de ma cheville,
Lucien mon kiné n’en revient pas et ce 10 ans après mon hémorragie alors que tous
les médecins s’accordaient à dire que passé deux ans les chances de récupération
étaient quasi-nulles.
Cela va faire deux mois que je récupère de façon exponentielle, c’est fantastique ce
qui m’arrive !
65
LE CERVEAU !
Il a ses raisons que la raison ignore …
Comment expliquez-vous qu’avec une zone de la cervelle amputée je me sente plus
vif, plus intelligent, plus “ culturé ” qu’avant mon accident vasculaire cérébral …
Incroyable mais vrai !
Le cerveau renferme des trésors insoupçonnés, et nous n’en avons pas toujours
conscience.
Quand je pense qu’il m’aura fallu une année entière pour recouvrer la totalité de
mes esprits ! Il faut dire que ce cher Professeur Grellier n’y a pas été de main
morte ! Dernièrement, j’ai demandé mon compte rendu opératoire et à la lecture de
celui-ci, de ce massacre à la tronçonneuse, j’ai eu envie de brûler un cierge en
l’honneur de mon sauveur !
Mais si on ne le sollicite pas ce flémard de cerveau, il ne va pas venir vous
chercher !
Alors vu que j’avais un compte à régler avec lui, pas un compte en Suisse, non, un
vrai contentieux de 15 ans, une vieille cicatrice, je lui ai octroyé une pause le
temps qu’il se remette de ses émotions interventionnelles, deux petites années à la
louche !
(Dites, vous croyez pas que j’allais rester sans rien faire, le bras ballant !)
La vengeance est un plat qui se mange froid.
Vous rendez-vous compte, presque quatre mois déconnecté de toute actualité, j’ai
loupé une campagne présidentielle et un tas d’événements sportifs de la plus haute
importance !)
Non c’était décidé, j’allais lui en faire voir du Bicolore à mon cerveau, avec la
pratique du jeu d’échecs il allait être servi, quelle aubaine, moi qui voulais
progresser !
Les premières années je me suis imposé une rigoureuse discipline intellectuelle :
lecture, presse quotidienne, revues, je lisais jusqu’à quatre romans dans le mois, je
m’attaquais à toutes les grilles de mots croisés, j’avais sans cesse le nez plongé
dans les dictionnaires.
Ce fut dur au début, mais progressivement j’ai amélioré ma capacité de
concentration, d’attention, mes réflexes de pensée !
Le cerveau n’est rien d’autre qu’un gros muscle et au même titre que les champions
astreignent leur corps à un entraînement intensif, j’ai fait subir à ma caboche un
régime spartiate !
66
Et bien m’en aura pris car si cela coûte un peu les premiers temps, on en tire
rapidement une satisfaction intense et ce qui était une contrainte se transforme à la
longue en une satisfaction personnelle, un bien être, le chemin vers la Sérénité !
AUTOMATISMES !
Finalement la vie n’est qu’un éternel recommencement.
Il en va de même pour la pratique du jeu d’échecs.
A force de jouer, une fois acquis tous les paramètres de base, les fondamentaux,
l’on rencontrera des phases de jeu familières pour un effort de réflexion minimum,
ce qui permettra de se consacrer à l’élaboration de stratégies plus fines et plus
approfondies.
Je dis que je joue instinctivement, au Pif même quand j’ai le "rhube" et pendant que
je les vois faire d’intenses efforts de concentration, certainement pour se
remémorer ce qu’aurait joué tel illustrissime, dans telle ou telle situation, les
coups me viennent naturellement ou presque !
Je force le trait vous l’aurez compris, mais c’est pour mieux vous faire comprendre
mon approche du Jeu avec un minimum de prise de tête pour un maximum de
plaisir !
Le plaisir sans les contraintes tant qu’à faire, sympa non !
Quand je vois lors des tournois des parents houspiller leurs gamins parce qu’ils ont
perdu une partie, je suis révolté.
D’autant que la plupart du temps ils ne jouent pas eux même ou alors s‘avèrent de
piètres compétiteurs !
Freudien cette histoire …
Moi j’ai résolu le problème, l’enseignement du jeu d’échecs à mon Romain qui a
15 ans m’aura permis de régler Son complexe Oedipien par Roi interposé !
Et puis c’est qu’il m’accrocherait l’insolent !
Je lui ai appris le maniement des pièces dès son plus jeune âge !
Les gamins sont attirés par ce jeu, et ils ont tôt fait d’en assimiler les principes de
base ; avec leur cerveau en éveil, sans cesse en ébullition, ils assimilent de
manière déconcertante une somme astronomique d’informations, en l’occurrence la
théorie du Jeu …
Ils sont adorables durant leurs tournois, je me régale au spectacle de leurs
mimiques, de leur candeur et déjà, cette envie de gagner, quand ce ne sont pas les
chaudes larmes pour une partie perdue.
Et puis c’est très formateur, j’ai expliqué à Romain qu’il fallait savoir perdre
même si ça ne fait jamais plaisir.
De même, avoir de la considération pour son adversaire, lui serrer la main avant et
après le match !
67
C’est un malin mon Rominou et il a obtenu des résultats dès ses premiers tournois
il y a 5 ans !
Je ne l’ai jamais poussé et j’ai toujours abordé la pratique du jeu de façon ludique !
Après certains s’étonneront qu’en pleine crise d’adolescence leur rejeton envoie
tout balader pour se consacrer à la pratique du bilboquet, activité fort noble au
demeurant !
Depuis quelques années mon fils adoré préfère se consacrer à la musculation des
pouces !
Ah ! Les manettes de jeu ! A n’en pas douter, d’ici quelques temps, ils vont
proposer une greffe en guise de 6ème doigt !
Mais je ne me fais pas de souci, dans quelques années il y reviendra à la pratique
du Noble Jeu !
Dites, je digresse, je dégraisse mais je ne vous parle pas de ma progression
échiquéenne !
Je vous disais que mon cerveau me surprendra toujours, je me suis levé un matin,
un 14 février 2005 et j’ai commencé la rédaction du présent texte !
Mes proches m’avaient incité à écrire suite à ma bafouille éditée à compte d’auteur
il y a deux ans bientôt, mais impossible de produire quoi que ce soit …
Et voilà t’y pas qu’un beau matin, môssieur cerveau daigne me donner du grain à
moudre !
Alors pour les digressions et le dégraissage je décline une partie de la
responsabilité et vous dirais simplement : c’est pas Moi, c’est Lui !
D’autant que comme pour le déroulement des parties d’échecs, ce Malotrus me la
joue sans plan et à l’inspiration !
(Quand je vous dis que ma vie est un véritable Enfer, vous compatissez au
moins…)
68
Pour progresser au jeu d’échecs il n’y a pas à tergiverser, ni barguigner, il faut
jouer encore et encore, enchaîner les phases de jeu, un peu à la manière d’un
musicien faisant ses gammes... je comprends mieux maintenant les musiciens
jouant leurs partitions de tête.
… maintenant que j’arrive à me souvenir de mes parties !
Eh oui, depuis quatre ans, moi aussi je suis capable de me remémorer mes parties
et des phases de jeu jouées il y a fort longtemps !
Et ça se sera fait tout naturellement.
Patience et langueur de temps !
Tout se passe dans notre cerveau.
Cette bêbête est capable des abstractions les plus inouïes.
Car c’est une chose que de rejouer mentalement des phases de jeu, mais
c’en est une autre que de se livrer à la pratique du jeu à l’aveugle et en simultané,
comme certains champions !
Que je vous explique :
Ce sont des exhibitions où le champion, assis un bandeau sur les yeux face à
plusieurs joueurs, dicte ses coups à un assistant qui se déplace d'échiquier en
échiquier... au bout d'un certain temps les joueurs abandonnent, dégoûtés, les uns
après les autres !
Si je me souviens bien le record doit être d’une quarantaine de parties à l’aveugle
jouées simultanément !
Le cerveau compartimenté en quarante échiquiers, vous rendez-vous compte des
prouesses de ce super-calculateur!
69
A la différence de la majorité des joueurs qui connaissent par coeur le nom des
ouvertures, je confesse qu’hormis les principales je suis souvent bien incapable de
citer le nom des débuts joués !
Je sais, c’est contraire à l’orthodoxie mais pour un adepte du gambit Taliban !
En outre je me rends compte qu’avec ma méthode globale je perds beaucoup
moins de temps en réflexion, les coups me venant tout naturellement,
instinctivement dirais-je !
J’aime à dire que pendant que les autres se farcissent la tête, j’ai l’esprit plus libre
et je peux mieux me concentrer sur la tactique et les combinaisons !
Dernièrement un joueur me disait que j’avais un jeu imprévisible, ce qui m’a fait un
plaisir énorme !
C’est vrai que je n’hésite pas à sacrifier des pièces pour créer des déséquilibres et je
me marre intérieurement à la vue de certains joueurs s’attachant à leurs pions, à la
manière de petits épargnants thésaurisant leur pécule !
J’aime le beau Jeu, le Panache …
Certes je ne suis pas aussi précis qu’un joueur qui connaît par coeur son ouverture
mais je fais la différence bien souvent en milieu de partie !
Je suis un adepte des jeux embrouillés, des situations compliquées où je tire
généralement mon épingle du jeu !
Par dessus tout j’adore entendre les réflexions de mes adversaires qui se lamentent
d’avoir perdu leur partie avec souvent du matériel en plus !
Matériel en sus certes, mais j’ai créé un déséquilibre qui s’est avéré Fatal !
Les champions du siècle dernier ont laissé une foultitude de traités sur leurs
systèmes de jeu, quand ils n’ont pas attribué leur nom à leur ouverture favorite,
passant ainsi à la postérité.
70
Dites il me vient une idée, si j’écrivais mon traité sur le gambit Taliban , (un
gambit faut-il le préciser étant un sacrifice de pion dans l’ouverture qui confère un
avantage de développement !)
Pas un, ni deux, ni trois mais quatre pions, ce serait du plus bel effet, mais un peu
suicidaire quand même !
Je suis un adepte du Gambit Morra, joueur Niçois de la fin du siècle dernier !
A ce sujet, il avait refourgué son manuel à monsieur Rost qui vient jouer avec moi
le jeudi !
Ne voyez-vous pas le chemin tortueux vers lequel je veux vous conduire, le
dédale emberlificoté de ma pensée, de mon compère-cerveau !
Cela va faire trois ans que je joue sur internet contre des joueurs du monde entier !
Il faut un pseudo pour l’inscription.
Et je dois dire que l’aubaine était trop bonne pour moi de placer un de mes jeux de
mots tarabiscotés.
Gambit Morra …… Taliban ?
A l’époque, les médias nous abreuvaient d’infos sur la traque de Ben Laden qui
s’était réfugié dans ses montagnes aux confins de l’Afghanistan !
Elles répondaient au doux nom de Tora-bora avec des grottes tout confort, vous
souvenez-vous que même les cuisines étaient équipées !
Vous n’avez pas encore trouvé !
Mon pseudo serait non pas Tora-bora, ni Bora-bora, mais Morrabora .
Sympa l’acronyme !
Depuis trois ans je sévis sur plusieurs sites.
Cela m’aura permis de rencontrer un plus large éventail de joueurs et d’étoffer ma
palette de jeu.
De plus, je peux voir tout à loisir les champions ferrailler entre eux en parties
rapides !
Alors pourquoi voudriez-vous que je prenne des cours, d’autant que je me doute
que les champions ont leurs secrets et qu’ils planent à mille lieues de nous, pôvres
besogneux !
Le classement élo fluctue et contrairement à la majorité des joueurs je n’y attache
qu’une importance toute relative !
Car pour des élo supplémentaires certains seraient prêts à tout, savez-vous qu’il y a
quelques dizaines d’années, certains joueurs allaient dans les pays de l’ex bloc de
71
l’Est monnayer une bonne performance contre des espèces sonnantes et
tintinabulantes !
Passé un certain stade de performance vous avez un classement qui vous confère
un titre FIDE à vie !
Dites, moi je m’attache à récolter des applaudissements sur internet, il y a une
fenêtre réservée à cet effet et lorsque vous avez fait une jolie partie votre adversaire
vous applaudit, à la condition de ne pas être un ingrat ; il m’est arrivé de me faire
copieusement insulter !
Quand je vois certains joueurs se rendre malade, faire des grossesses nerveuses
pour une partie perdue, je me demande si nous vivons sur la même planète !
Ouvrez les yeux, regardez autour de vous saperlipopète, ce n’est qu’un jeu, ne
croyez-vous pas qu’il y a suffisamment de malheurs de par le monde …
Je les inviterais à aller faire un tour dans un centre de rééducation fonctionnelle
pour relativiser leur défaite !
Je suis plutôt fair-play, je n’en fais pas tout un plat si je perds, à plus forte raison si
j’ai joué une chouette partie avec le sentiment d’avoir donné le maximum, en
revanche rien ne me fait plus enrager que de commettre des erreurs grossières, mais
c’est de plus en plus rare et dans ces cas-là je ne m’en prends qu’à moi-même !
72
Parlons plus avant du club et de ses joueurs si vous le
voulez bien !
Je vous ai dit que ma progression s’était faite par paliers …
J’apprenais beaucoup à l’occasion des nombreux tournois auxquels je participais
tout au long de l’année !
Contrairement aux autres clubs qui axent tout sur la compétition, l’atmosphère du
club de Cagnes sur mer est nettement plus conviviale avec un petit noyau
d’irréductibles dont votre narrateur !
Les clubs participent à un championnat par équipe tout au long de la saison avec 7
rencontres en tout, étalées à raison d’une par mois !
Dès la deuxième année d’inscription j’ai commencé à jouer en championnat
départemental (vous avez le championnat départemental de 1 à 4 pour les joueurs
moyens et le championnat national de IV à I pour les joueurs de niveau très bons à
champions !) .
73
De même pour les difficultés d’élocution, moi qui en disais le strict minimum de
crainte de devoir répéter, depuis quelques années je suis le premier à plaisanter et à
commenter les phases de jeu des autres joueurs, bien souvent pour les chambrer
gentiment !
Ceci dit j’ai fait d’énormes progrès sur le plan de “ l’électrocution ” !
Vous permettez que je fasse une pause pour faire un bisou à Isabelle la plus
sympathique et la plus charmante des orthophonistes.
Il faut le répéter, ma vie est un enfer, même au club !
Je ne vais pas revenir sur mon approche un peu différente du jeu qui tend à me
marginaliser, d’ailleurs je me fais régulièrement vanner sur mes gambits à la noix
et mon jeu à l’emporte pièce.
Ça me plait et ça me motive, d’autant que ce sont des saillies proférées sur un ton
amical !
Mais ce que j’aime par dessus tout, c’est faire des commentaires lors des moments
cruciaux avec, bien entendu, des partenaires tout disposés à soutenir la joute
verbale, toujours en partie amicale parce que pour les tournois, le motus et bouche
cousue est de rigueur !
Ces dernières années on se retrouvait tous les mercredis, nous étions un petit
groupe de joueurs, une petite dizaine tout au plus et j’aime autant vous dire que j’en
ai essuyé des quolibets et autres plaisanteries, mais comme je le disais, ça me
motive et bien souvent je suis le premier à les provoquer !
N’était-ce pas Thorsten, un membre du club, qui m’avait traité de “ Joueur de
Plage ” il y a quelques années.
Il fait bon jouer au club de Cagnes sur mer …
74
AMITIÉS.
Je vous parlais de la bonne ambiance du club que je fréquente depuis 8 ans.
J’ai noué des liens forts avec certains joueurs.
Il est de coutume, lors des déplacements de championnat par équipes, d’aller au
restaurant ce qui est très convivial et renforce les affinités !
Durant 5 années j’ai écumé les nombreux tournois de la région accompagné de
Pierre Casa, qui nous a quittés l’an dernier.
Nous avons passé des moments extraordinaires de complicité.
La pratique du jeu d’échecs aura adouci la fin de sa vie …
Je voudrais rendre hommage à Tous les membres du club de Cagnes échecs pour
leur sympathie, leur convivialité et les moments de plaisir intense qu’ils ont
contribué à me procurer !
La pratique du Jeu d’échecs aura amplement participé à
ma renaissance, avec un plaisir constant pour un
minimum de contraintes …
Alors si vous voyez un Jeu d’échecs, approchez-vous et laissez-vous envoûter.
Vous verrez, vous ne le regretterez pas !
Et puis, bougez votre Cerveau, il n’attend que ça, vous
n’en serez que plus épanoui … foi de Moi !”
75

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire